Chaos organisé

Afin d’optimiser mon budget, le vol fait une escale au Koweït. Dans la zone de connexion, je rencontre un couple russo-anglais qui va aussi à Mumbai. L’avion à une heure de retard et nous discourons dans une salle dépourvue de voyageurs. Vingt minutes avant l’heure du départ nouvellement programmée, j’interpelle la femme russe. 

“Tu ne trouves pas ça bizarre qu’il n’y ait personne vingt minutes avant le départ ? »

Au même instant un homme entre dans la pièce et cri : « Mumbai, Mumbai »

Je cours dans la zone de connexion pour rejoindre la porte d’embarquement qui avait été changée à cause du décalage. Les hauts-parleurs de l’aéroport sont formels : « Dernier appel pour les passagers à destination de Mumbai ».

Je me précipite au comptoir et demande à l’hôtesse d’attendre les deux derniers retardataires. La navette qui nous conduit au pied de l’avion est vide, c’était juste ! À bord, de nombreux passagers toussent et se raclent la gorgent bruyamment : « bienvenue en Inde » me souhaite l’anglais !


Lâcher prise

Le passage de la douane est un vrai enfer, un grand nombre de personnes ne respectent pas les files prévues à cet effet. Les douaniers ont l’air un peu dépassés par ce bazar et ne sont pas d’une grande aide. Une heure et demie plus tard, je reçois le coup de tampon sur mon passeport.

Je ne suis pas au bout de mes surprises puisque je ne trouve pas le nom de mon vol sur le panneau d’affichage. Impossible de savoir sur lequel des douze tapis roulants mon sac à dos se trouve. Je demande de l’aide à un jeune employé de l’aéroport. Très sympathique, il m’avoue cependant qu’il a fait la fête hier soir et qu’il est toujours un peu ivre. Pas sûr que ce soit le meilleur état pour retrouver un bagage. Il arrive rapidement à la même conclusion que moi : impossible de savoir quel est le tapis de mon vol. Je me résous, à cinq heures du matin, à passer un à un chaque tapis contenant des centaines de valises. J’ai un mauvais pressentiment. Me voilà devant la dernière procession de bagages et mon sac ne s’y trouve pas. Le jeune homme me conduit vers un comptoir où une dame prend mes coordonnées ainsi que le numéro du vol.

« Si tout se passe bien, vous récupèrerez  votre bagage sous deux jours” me dit-elle. 

La veille, j’avais regardé les avis sur cette compagnie aérienne low-cost et j’avais découvert qu’elle est très mal noté. Ça m’apprendra à réserver des vols pas cher… 

L’Inde vous apprend à lâcher priser rapidement. La seule de chose de valeur que j’avais dans ce sac, c’était mon ordinateur. Il me faudra racheter des vêtements et quelques accessoires. Rien ne sert de s’énerver cela ne changera rien.

L’hôtesse décroche son téléphone et converse dans cette langue que je en comprends pas. Sans rien me dire, elle s’éloigne, mon passeront en main. Je la suis. Elle rejoint un monsieur qui pousse un chariot. Par miracle mon sac se trouve dessus. Il avait été retiré car il tournait tout seul sur le tapis. Tout va bien !


Premiers pas en Inde

Cent mètres après être sorti de l’aéroport, je retrouve le chaos asiatique. Traverser la route est un vrai challenge. À la différence de certains pays où les usagers vous évitent, ici, c’est à moi de slalomer entre les voitures et les motos. Le concept de passage piéton est inexistant. En plus, l’occupation anglaise a laissé quelques traces derrière elle puisqu’en Inde on roule à gauche. C’est déjà assez compliqué comme ça de rester en vie en traversant dans toute cette circulation. Mais en plus, il y a les petits malins qui roulent dans le sens inverse sur le bord de la route…

C’est tellement le bazar que j’ai l’impression de rêver éveillé. Les trottoirs ont été réquisitionné par les mécaniciens, les entreposés de logistiques et les petits vendeurs ambulants. Le trafic soulève la poussière dans l’air et les déchets qui jonchent le sol laissent une odeur malodorante dans l’air. La pollution est telle que je ressens une gêne lors de l’inspiration. Je comprends mieux pourquoi le couple russo-anglais avait fait les gros yeux lorsque je leur avais expliqué que j’avais réservé six nuits à Mumbai pour me “poser”.

L’auberge donne sur l’une de ces petites rues. Tout est si bien tassé qu’il faut sortir la tête pour vérifier qu’il n’y a pas de véhicule avant de s’engager hors du bâtiment. La chambre est composée de 32 lits superposés à 3 étages ! Les sanitaires répondent à la même optimisation puisque dans moins de deux mètres carrés se trouvent les WC et la douche. L’eau coule à moins d’une vingtaine de centimètres du câble alimentant le petit néon. Les normes de sécurité sont plus souples en Inde.

En face de l’auberge, des artisans soudent des pièces d’acier, juste à côté il y a des vendeurs de chaï (thé indien). Tout est normal. 

Je me promène en quête d’un repas et surtout de masques chirurgicaux. Malgré la pauvreté apparente de cette partie de Mumbai situé à seize kilomètres de la zone plus touristique, je ne me ressens aucune insécurité. Sur un terrain vague des enfants jouent au cricket. Je suis invité à essayer. Bon j’avoue que je n’ai pas saisi toutes les règles, je me contente de taper dans la balle et de courir.

Je suis un peu dérouté par les règles mais ça amuse les jeunes

Clichés et autres préjugés

L’Inde est une très bonne surprise. J’avais entendu toutes sortes d’histoires à propos de ce pays. Des touristes attrapant le sentiment océanique et devenant fou, d’autres se faisant arnaquer ou piquer leurs affaires. Je m’attendais à voir des mendiants par milliers, des cadavres au bord des routes, et un attroupement autour de moi, mais il n’en est rien. Je suis agréablement surpris par l’accueil des Indiens toujours dévolus à m’aider. Dans les restaurants ou les stands de rues, je ne suis pas victime du « tourist price ». Par contre, je m’attendais à pouvoir converser en anglais avec tout le monde mais seule une infime partie de la population parle anglais. L’accent indien rend les conversations difficiles à comprendre pour moi comme pour eux (avec mon accent français). Mais deux personnes résolument dévolues à communiquer finissent toujours par se comprendre.

Ce pays me fait rire tellement il est absurde. Dans ce quartier, les hommes découpent des plaques de fer, dans celui-ci ils chargent et déchargent des camions. Ailleurs, ils dénudent des kilomètres de fils avec un petit cutter. Des avions survolent au rase-motte ces bidonvilles dont les habitants ne mettront jamais les pieds dans ces oiseaux mécaniques.

L’odeur des rues est puissante et nauséabonde. Dans le sens de la chaîne alimentaire, D’abord des hommes puis des chiens errants, des corbeaux et enfin des rats fouillent ces tas d’ordures disposés au bord de la rue. Les restes sont chargés à fourche dans de petits camions.

L’Inde a cette capacité à vous saturer les sens. Il y a trop de choses à regarder, trop d’odeurs à respirer, trop de bruit à écouter.

L’une des milliers de rues de Mumbai

En me promenant, je croise quelques vaches au milieu de ce bitume à des kilomètres de la moindre pousse d’herbe. Beaucoup d’entre elles sont maigres. Pas sûr qu’être une vache sacrée en Inde soit une bénédiction.

Tout est possible en Inde comme le prouve cet homme que j’aperçois entrain de chevaucher son cheval de nuit au milieu du trafic de Mumbai. Je tombe aussi par hasard sur un grand centre commercial. Le choc est total. En l’espace de cent mètres, j’ai retrouvé la société de consommation occidentale et son marketing qui vous fait croire qu’un t-shirt coûte cinquante euros… Au moins ici il suffit de traverser la rue pour observer le vrai prix de cette luxure.


Différences culturelles

Je cherche un endroit où réparer ma GoPro qui n’a pas résisté aux secousses de la route lors de mon périple en bicyclette. Chaque fois que je vois un magasin qui vend ou répare les téléphones, je demande au vendeur s’il peut réparer ma caméra. À chaque fois la réponse est malheureusement négative. Cette fois, comme le vendeur comprend bien l’anglais je lui demande s’il connaît quelqu’un capable d’un tel travail. Je suis profondément persuadé que l’on peut tout trouver à Mumbai. Bien ou mal, l’absence de minima sociaux promeut l’ingéniosité et la débrouillardise.

Je suis dirigé vers un premier magasin qui à son tour me donne une autre adresse. Je constate que la destination est un quartier résidentiel dont les immeubles sont gardés et les rues beaucoup moins fréquentées et bien plus propres que celles des bidonvilles. L’adresse ne pointe évidemment vers aucun magasin. Il y a un petit temple et trois jeunes assis devant. Je leur demande conseil et je suis vite invité à m’assoir. Inévitablement ils me donnent une autre adresse mais cette fois j’ai un bon pressentiment. Je passe l’après-midi à leurs côtés et je découvre vite qu’ils sont issus d’une famille aisée. En témoigne le panneau publicitaire à leurs effigies en face de la rue. Celui-ci a été installé pour l’anniversaire de l’un des deux frères. Ils ont l’air particulièrement admiratif de mes cuisses affûtées après les 6000 km. Finalement, je comprends qu’ils travaillent pour le parti politique du Premier ministre actuel : Narendra Modi. 

Le train qui me conduit au centre-ville est exactement comme je les aime : sans climatisation mais avec les portes ouvertes et des ventilateurs au plafond. À l’extérieur, des hommes et des femmes travaillent à l’entretien des voies. Tantôt avec des masses pour enfoncer des vis, d’autres fois avec de minuscules râteaux pour ramasser le ballast.

La différence culturelle avec l’Occident est bien évidemment importante. J’en ai le parfait exemple aujourd’hui. Je suis dans le quartier que l’on m’a indiqué pour faire réparer ma GoPro. Je rentre dans un magasin qui redonne vie aux caméras et aux appareils photo. J’explique le problème au technicien et l’homme me demande vingt minutes pour l’étudier. Je ne suis pas autorisé à rester à l’intérieur alors je patiente devant la porte. Un quart d’heure plus tard le verdict tombe : il fait changer les deux écrans. Cependant je sais que le problème vient de la carte-mère. Je redemande au vendeur s’il a déjà réparé ce genre d’appareils. Il me répond « oui » avec confidence. Je lui explique pourquoi son diagnostic est inexact. Après avoir écouté mes propos, il me demande dix minutes supplémentaires pour « étudier » le problème. En fait, je pense qu’il fait simplement des recherches sur internet. Je refuse et récupère ma GoPro. Je trouve finalement un second réparateur. Celui-ci a l’air de savoir ce qu’il fait et il effectue un prédiagnostic devant moi qui me semble tout à fait cohérent. J’apprendrai plus tard que c’était bien la carte-mère qui est responsable du problème mais la changer coûte le prix d’une GoPro d’occasion donc je continuerai à filmer avec mon téléphone.

Les Indiens ne vous diront pas forcément s’ils ne sont pas capables de faire quelque chose, il faut apprendre à détecter où commence et où s’arrêter leur expertise.


Rien ne se passe comme prévu

Je voulais acheter une moto d’occasion mais je me suis aperçu que c’était très compliqué car un étranger ne peut pas posséder de carte grise. Qu’importe, je prendrai le train. Dans les voyages comme dans la vie rien ne se passe jamais comme prévu. C’est pourquoi beaucoup de voyageurs au long terme ne planifient leurs destinations que de quelques jours en avance.

Gare Chhatrapati Shivaji à Mumbai

Je fais donc l’expérience du train couchette dans la classe la plus basse qui permet d’être allongé. La réservation du billet est déjà une aventure puisque les trains sont réservés des mois à l’avance et souvent complets. Heureusement il existe un système qui met en vente des places supplémentaires 24h avant le départ et sur certains trajets des places sont réservé pour les touristes comme moi qui font tout au dernier moment.

La disposition me rappelle celle du Transsibérien avec six couchettes dans des cabines ouvertes et deux le long du couloir. Le fait que cette classe ne dispose pas de climatisation n’est pas vraiment un problème en cette saison où il doit faire 18°C – 20°C pendant la nuit. Au plafond une ribambelle de ventilateurs refroidissent les passagers. 


Goa

Je descends du train dans une petite station après une nuit qui aurait pu être meilleure s’il n’y avait pas eu ces vendeurs à six heures du matin criant sans relâche toutes les trente secondes : « bread omelette, tea, coffee ».

Pour rejoindre mon hébergement, il y a bien sûr l’option des taxis que j’évite à chaque fois. Les lecteurs assidus savent pourquoi ! Je me contente de suivre la foule de locaux qui marchent 500 m jusqu’au bus public. Verdict de cette petite marche : un bus à 20 INR (0,22€) soit 30 fois moins cher que le prix demandé par les taxis !

Plébiscité par de nombreux touristes, j’avais un peu peur de me retourner en Europe. Mais si l’on exclu les quelques plages touristiques, Goa est un état assez calme. Occupé par les Portugais durant le XVIème siècle. C’est devenu un repaire d’Hippies dans les années 80. Désormais, la région attire de nombreux touristes indiens qui viennent ici pour faire la fête comme le témoignent la multitude de magasins vendant de l’alcool au bord des routes. Les seuls blancs présents en cette saison sont de gros retraités qui passent leur temps dans des restaurants ou des bars européanisés. 

Des pécheurs sur une plage de Goa

Les Portugais ont aussi laissé derrière eux de nombreuses églises et petites chapelles. Les pratiquants bourdonnent des cantiques qui s’élèvent dans les voûtes de l’église. Lors des cérémonies, des chaises en plastique sont disposées à l’extérieur devant l’entrée faute de place à l’intérieur. Les croix des petites chapelles sont ornées de colliers de fleurs orange comme le veut la tradition Hindoue.

Je visite aussi un temple Hindou. Devant la sculpture de ce Dieu à tête d’éléphant, un chef spirituel est aussi en tailleur. Il attend les offrandes des pratiquants pour leur donner une bénédiction. Je m’amuse à constater que ce dernier est  plus occupé à regarder son téléphone qu’à prier. Les dieux devraient ouvrir une ligne téléphonique directe.


Où est passée cette France insouciante ?

Je fais l’expérience du bus de nuit, inexistant en Europe à ma connaissance. Ahh les joies des lois et de la régulation Occidentale. C’est étrange car j’ai plus l’impression d’être libre en Inde que dans l’hexagone. Ici chacun vit sa vie. Un homme avec qui je discuterai m’apprendra par exemple qu’il n’y a pas besoin de faire des montagnes de paperasse pour créer une entreprise, il suffit de se lancer. Il n’y a pas d’impôt pour les ménages gagnant moins de 5000€ par an. Le salaire moyen varie selon les sources mais doit se situer aux alentours de 300€ par mois. Quand on sait qu’un plat dans un petit restaurant en Inde coûte 2€ (et vous êtes rassasié) contre 10€ en France, cela signifie que ces 300€ ramenées au pouvoir d’achat alimentaire correspondent à 1500€ en France. Les 5000€ de la limite de non-imposition correspondent à 25 000€ et avec un tel revenu, vous payez des impôts en France ! C’est vrai, nous avons ce système social et ces hôpitaux qui fonctionnent à merveille…

Je m’aperçois que je suis de plus en plus critique à propos de notre joli pays. Mais le fait de visiter d’autres pays ne peut que mettre en lumière les défauts et les qualités du mien. Voyager permet de lever la tête du guidon. L’insécurité est un problème en France, d’ailleurs l’équivalent du Quai d’Orsey Canadien considère que ses ressortissants voyageant en France doivent « faire preuve d’une grande prudence » en France au même titre que pour le Pakistan ! Il y a aussi tous ces récents scandales qui passent presque inaperçus pour les Français mais qui font notre risée à l’étranger. Notre tissu industriel est aussi en chute libre. Mais finissons sur une note positive, nous avons de magnifiques paysages, une grande quantité de terres arables, un air de qualité et de la bonne nourriture. Espérons que nous redeviendrons le pays du Concorde dont l’insouciance, la liberté et la convivialité font envie au reste du monde.


Les ruines d’une civilisation : Hampi

Les couchettes sont disposées dans le sens du bus. Il y a un lit simple à gauche du couloir et un lit double à droite, le tout sur deux étages peut accueillir 32 dormeurs. La couchette est bien plus confortable que celle de la troisième classe du train.

Je comprends rapidement pourquoi il faut onze heures de bus pour faire un peu plus de trois cents kilomètres. La route est chaotique et je suis balloté dans tous les sens, ce qui n’est pas sans me rappeler certaines nuits de la Transatlantique.

Le bus nous dépose sur un parking sombre à cinq heures du matin. L’assistant du chauffeur cri pour réveiller les voyageurs. Dehors une dizaine de rickshaws se bouclent comme des fauves voulant attraper le meilleur morceau de viande. Je réalise que le bus s’est arrêté (volontairement ?) à un kilomètre de la gare routière d’Hampi. Face à mon indifférence à marcher, le prix de la course est divisé par quatre sans que je n’ai besoin d’argumenter. Mais je décide de poursuivre à pied et de visiter les premières ruines à l’aube. 

Je rejoins Drice que j’ai rencontré dans le bus. Nous louons des vélos pour explorer Hampi. Des milliers de ruines de temples et de monuments résistent aux intempéries et au temps depuis des siècles. Visiter celles qui sont reculées au petit matin est un vrai bonheur. On oublie vite les vertus du silence quand on voyage en Inde.

Dans cette région semi-aride, les cultures ne sont possibles que grâce à l’eau charriée par le fleuve. La rencontre de l’eau avec ce désert de grosses pierres donne l’impression de se trouver au milieu d’une oasis.

Vue depuis Anjanadri Hill

Les rayons du soleil ont vite raison de nos couches de crème solaire alors nous nous rafraîchissons dans une petite rivière. Comme souvent, des locaux viennent « discuter » avec nous. La conversation se résume très souvent à « Where are you from ? » (D’où viens-tu ?) et « What’s your name ? » (Comment tu t’appelles ?) suivit d’une photo.

Une photo parmi les dizaines que j’ai déjà pris avec les locaux

Les ruines de Vijayanâgara s’étendent sur des kilomètres carrés. La ville atteignit son apogée au XVIème siècle jusqu’à être la deuxième ville la plus grande au monde avec un demi-million d’habitants. Aujourd’hui la population est au maximum de quelques milliers.

Du haut du temple de Mahanavami Dibba, je contemple tous ces gens marchant et prenant des photos des ruines d’une civilisation. Ont-ils seulement conscience des raisons de cet effondrement passé ? L’évolutionniste et historien Jared Diamond, a identifié cinq facteurs à la chute des sociétés dans son livre Effondrement : la surpopulation, la pollution de l’environnement, le changement climatique, les guerres et la mauvaise gestion des problèmes sociaux par les dirigeants. L’histoire semble malheureusement se répéter inéluctablement. Nous nous considérons bien plus intelligents que nos ancêtres et pensons que la technologie nous permettra d’échapper aux lois basiques de la thermodynamique. Après tout, ce n’est peut-être pas si mal si notre monde moderne s’effondre. La mort n’est qu’une opportunité pour que la vie puisse renaitre.


Direction Bangalore

L’Inde peut être surmenante parfois. 

Nous avons payé un bateau pour traverser la rivière trop cher, je me suis fait engueuler car j’avais mis mes chaussures dans mon sac pour rentrer dans un temple (il fallait les laisser à la consigne), et des conducteurs de rickshaw n’arrêtent pas de me solliciter pendant que j’attends le bus public pour rejoindre la gare. Je commence à être de mauvais poil mais je rencontre un touriste Indien super sympa dans le bus avec qui les longues heures d’attente à la gare filent en un instant. Il me conseille les endroits que je dois visiter, me renseigne sur son pays et me laisse son numéro au cas où j’ai le moindre problème. Ravi possède une agence de détectives avec des bureaux dans différentes villes du pays. Avec de petits gadgets, il espionne discrètement hommes d’affaires, politiciens, et toutes autres personnes que ses clients lui demandent de suivre.

L’Inde peut vous agacer au plus au point comme vous enchanter en l’espace de quelques heures.

Je fais une escale d’une journée à Bangalore. Les façades des maisons sont joliment peintes de couleurs pastel et la ville est relativement propre. Je visite le temple d’USKCON dans lequel (comme dans tous les autres) il faut marcher pieds nus. Pour atteindre le cœur du monument, je progresse sur les 108 petits carrés de marbre roux. À chaque carré il faut chanter le mantra :

Hare Krishna Hare Krishna
Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama
Rama Rama Hare Hare

pour passer à la pierre suivante.

Enfin je pénètre dans l’enceinte principale après avoir traversé plusieurs petits temples. Le plafond est orné de peintures d’enfants, qui me semblent être des anges, évoluant dans un décor de paradis. L’hôtel doré est composé de trois divinités devant lesquels les Indiens prient. 

J’ai toujours trouvé le comportement de certains croyants paradoxal que ce soit dans l’hindouisme ou dans d’autres religions. Comme si le pardon du ou des Dieux permettait toutes sortes de mauvais comportements. Dans le temple, des personnes se bouclent, d’autres ne respectent pas le panneau qui interdit de prendre des photos mais toutes semblent vouer une totale dévotion à leurs divinités. Je me demande si les non croyants n’appliqueraient pas mieux les principes de bienveillance et de respect dictés par les religions. Car les remords sans cesse créés par l’esprit doivent être un terrible supplice pour ceux qui n’ont aucune figure du pardon à prier.


Pollution humaine

Le train est le moyen de transport le plus économique de l’Inde puisque je paye en moyenne 1€ pour 100 km parcours. Il faudra un jour m’expliquer pourquoi en France, pays où l’électricité est censée être la moins chère à produire, il est plus économique de prendre l’avion plutôt que le train…

Je cherche une poubelle dans le wagon pour jeter mon gobelet de chai vide. L’homme aussi assis en face de moi me fait signe de le jeter dehors par la fenêtre. Je rétorque d’un mouvement de la tête. Les Indiens ne sont pas du tout sensibilisés à la pollution et cela ne leur pose aucun problème de jeter leurs déchets à l’extérieur.

À travers la fenêtre, je ne peux que constater cette pollution chronique. Du plastique repose le long des rails et restera là des siècles. Des habitants brûlent des déchets au bord d’une rivière qui comme ses sœurs n’a pas été épargné par la négligence de notre société.

Déjà le train accélère et les ordures disparaissent à mesure que la jungle prend le dessus sur l’Homme.

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