L’île papillon (de Guadeloupe à St-Marten)

Je profite de cette escale chez Pierre (un membre de ma famille) pour laver mon linge, réparer mes affaires, reprendre des forces et bien sûr pour découvrir la Guadeloupe. 

Un peu de géographie 

Avant de vous faire découvrir les beautés de cette île, je vous propose un peu de géographie. Car la Guadeloupe est en réalité non pas une, mais deux îles ressemblant depuis les airs à des ailes de papillon.

Grand-terre, c’est l’île la plus au nord. Pour caricaturer, c’est l’endroit des plages « cartes postales », l’île est relativement plate même si en son centre on trouve les mornes. Ce sont un ensemble de petites collines et vallées (dont certaines sont plus basses que le niveau de la mer). Les paysages offerts par ces mornes me font oublier que je suis sur une île. La côte nord-est de Grand-Terre fait face à l’Atlantique ce qui donne naissance à des lieux dignes des côtes bretonnes.

Porte d’enfer

De l’autre côté, c’est Basse-Terre, plus montagneuse, elle abrite un volcan : la Soufrière, avec ses 1467m d’altitude c’est le point culminant de la Guadeloupe. Volcan actif, nous ferrons l’ascension et verrons la montagne cracher ses fumées chargées de soufre. La chaîne de montagnes arrête les nuages venant de l’Atlantique; c’est pourquoi il pleut plus souvent à Basse-Terre qu’a Grande-Terre. Plus à l’ouest, de l’autre côté de cette chaîne, on retrouve des paysages plus arides, car les nuages passent difficilement au-dessus des montagnes.

Vous l’aurez compris, la Guadeloupe est un territoire varié. Quant à sa taille,
avec sa superficie de 1 628km², elle pourrait rentrer trois fois dans le département du Tarn.


La liane à eau

Dès le lendemain, nous partons avec Pierre faire une randonnée pour atteindre les chutes Moreau. La plus grande des chutes se trouve au milieu dans la forêt et mesure plus de 100m de hauteur.

Nous ne faisons pas cette randonnée par hasard. En effet, la veille j’ai interrogé Pierre à propos des lianes à eau. Ce sont des lianes qui dégagent de l’eau lorsqu’on les sectionne. Je voulais savoir s’il les connaissait; ce n’est pas le cas. Comme il est curieux, il a déniché ce parcours à travers lequel, on peut voir ses fameuses lianes.

En chemin, nous sortons nos canifs pour couper quelques lianes: rien ne sort… Alors au retour, avec la machette restée dans la voiture, nous nous attaquons à d’autres lianes. Et finalement, nous trouvons des lianes à eau. Il suffit de couper un morceau de plusieurs dizaines de centimètres et de l’eau potable coule comme par magie. Voici à quoi ressemble cette plante :

La liane à eau

Rappelez-vous la liane à eau, car on la retrouve dans bon nombre de pays tropicaux. Donc si un jour, vous vous retrouviez perdu dans la jungle, coupez un morceau de la liane et buvez l’eau qui en émane.


Du repos et du boulot 

La semaine, je donne un coup de main à Pierre. Au programme : jardinage, bricolage et menuiserie. Ainsi, je m’exerce aux métiers de menuisier et de charpentier.

Lors du défrichage d’un morceau de terrain, j’apprends également à récolter les cœurs de cocotier. Nous dégustons ces mets subtilement sucrés en salade, c’est excellent !

J’explore aussi les environs en vélo et trouve souvent des fruits sauvages : mangues, fruits de la passion, goyave, carambole. Mais en cette saison, on trouve principalement des mangues et bien évidemment des noix de coco qui se récoltent toute l’année. 


Des plages, de l’eau et des poissons 

Aujourd’hui, nous allons observer les fonds marins. Pour ce faire, nous nous rendons à « la côte sous le vent » comme l’appellent les locaux. Il s’agit simplement du côté de l’île qui n’est pas exposée aux vents c’est-à-dire la côte ouest de la Guadeloupe. En effet, les vents viennent de l’est. Ce sont ces célèbres alizés qui m’avaient permis de traverser l’Atlantique.

Bref, nous verrons bon nombre de poissons exotiques. Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les sortes : poissons-soldats, orphies, serpentines, poisson-lion, demoiselles, balistes, etc. Il y a aussi quelques tortues qui planent sous l’eau.

Comme j’aime bien l’eau, Pierre se propose pour m’initier à la plongée. J’accepte avec hésitation ! C’est donc une première pour moi. Pierre possède les niveaux nécessaires pour faire de la plongée seul, il faut juste louer le matériel. Nous devons plonger depuis le bateau de Pierre, mais la voiture fait seulement quelques mètres quand le timon de la remorque bricolée se rompt. Nous plongerons depuis la côte !

Les premières bouffées d’oxygène sont rapides, c’est un peu perturbant de pouvoir respirer sous l’eau ! Mais petit à petit, la respiration devient plus profonde, le corps et l’esprit s’habituent et on rentre littéralement dans un autre monde. Tout est calme, aucun bruit audible (excepté quand un bateau passe à proximité). Les déplacements se font sans effort et nous explorons les fonds marins et leur faune exceptionnelle. C’est vraiment une expérience géniale. À tel point que le temps file sans que je m’en aperçoive. J’ai l’impression que cela fait une dizaine de minutes que nous plongeons alors que nous sommes sous l’eau depuis déjà 40min ! Il nous reste de l’air, nous irons découvrir d’autres paysages marins.
En cherchant un lieu intéressant pour plonger, je découvre de sublimes plages.

Que demander de plus ?

De l’eau, mais pas que…

Dire que la Guadeloupe se résume à des plages paradisiaques serait un peu cliché ! Il y a une multitude de choses à découvrir à l’intérieur des terres.

Prenez par exemple un lieu banal comme un cimetière. Et bien ici, c’est un lieu à voir. En effet, ce jour-là, nous nous rendons sur Grande-Terre. En chemin, nous visitons un cimetière typique de la Guadeloupe. Les tombes noires et blanches donnent l’impression d’être au milieu d’un échiquier géant! 

Cimetière de Morne-à-l’Eau (coton sur la gauche)

Nous allons aussi voir les chutes du Carbet. Outre la beauté de la cascade qui se déverse dans un immense cirque, ce lieu est également connu pour ses sources d’eau chaude. Vous l’aurez compris, cela est dû au caractère volcanique de l’île.

En se promenant dans la rivière, on peut sentir que l’eau est plus chaude dans certains endroits. Si tel est le cas, c’est qu’une source d’eau chaude est à proximité. Alors, en cherchant un petit peu, on trouve des bassins d’eau chaude naturelle. La température de l’eau digne d’un jacuzzi doit avoisiner les 38°C : je pourrai rester m’y prélasser à longueur de journée !


Joyeuses Pâques !

Ce week-end, c’est Pâques et ici, il y a beaucoup de croyants. Traditionnellement, les familles se retrouvent pour célébrer cette fête religieuse. Et ces retrouvailles sont quelque peu surprenantes. En effet, durant ce week-end les Guadeloupéens partent en camping. De véritables campements sont installés un peu partout. Ils sont situés principalement sur les plages, mais on en voit aussi dans des lieux plus insolites comme sous des palmiers à 10m de la nationale…

Qu’importe le lieu, Pâques rime avec fêtes, retrouvailles et camping. Du coup, nous décidons d’aller passer le dimanche sur un îlet à quelques kilomètres de la côte. Nous y irons avec le bateau de Pierre, réparé depuis notre dernière mésaventure. Mais cette fois, c’est en passant sur un ralentisseur que la remorque se casse et finit sa course en heurtant l’arrière de la voiture ! Rien de grave. Il reste moins d’un kilomètre pour rejoindre la mise à l’eau. Nous fabriquons donc une attache de fortune avec des sangles et une corde. Finalement, nous réussirons à mettre à l’eau le petit bateau sans encombre.

Première destination de la journée : la barrière de corail qui protège la cote. En s’approchant de celle-ci, l’eau change soudain de couleur. Elle passe d’un bleu marine profond à un bleu émeraude irréel. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car les fonds sont tout aussi splendides avec les gorgones violettes qui ondulent au gré des courants. Une gorgone, c’est un beau corail plat pouvant atteindre 80cm et qui ressemble à une grosse feuille.

Ensuite, nous nous arrêtons sur un îlet pour savourer de bonnes cotes de bœuf grillées au feu de bois sur la plage: le paradis !

La journée se terminera avec ce magnifique coucher de soleil à travers la mangrove.

Magnifique mais attention aux moustiques !

C’est re-parti ! 

Déjà, c’est la fin de mon séjour chez Pierre en Guadeloupe. Cette escale m’aura permis non seulement de donner un coup de main à Pierre (fabrication de différentes structures en bois) pour financer la suite de mon voyage. Mais aussi de reprendre des forces, et je suis maintenant prêt à m’attaquer au continent américain. Comme j’ai un peu d’argent et pour simplifier les procédures d’entrées aux États-Unis, je décide de prendre l’avion. Avant cela, je ferai une escale de quelques jours à Saint-Martin.


Jusqu’à présent, j’étais resté avec Pierre et je n’ai pas pu évaluer l’altruisme des Guadeloupéens. Je décide de me rendre en stop à l’aéroport.
C’est alors que je bats mon record d’attente au bord de la route. Au bout de quelques secondes seulement, la première voiture s’arrête pour me prendre. Un peu plus loin, une autre personne me propose de passer la nuit chez elle. C’est sûr, les Guadeloupéens sont des gens chaleureux. Cela me sera aussi confirmé à l’aéroport avec la rencontre d’un employé qui prendra le temps de discuter avec moi et de  partager de précieuses informations sur mes prochaines destinations. 

J’embarque dans un petit avion à hélices. Pas de passerelle pour monter à bord, il faut marcher sur le tarmac pour rejoindre l’appareil. À bord, il y a une cinquantaine de places. Nous décollons et je peux apprécier les ailes du papillon depuis les airs.


Saint-Martin

Dès la sortie de l’avion, je suis frappé par l’aridité apparente. Bien que je ne sois qu’à une centaine de kilomètres au nord de la Guadeloupe, j’ai l’impression d’avoir parcouru une grande distance tels les paysages différents.

Intérieur des terres (parties hollandaise)

À la différence de la Guadeloupe, Saint-Martin est une seule et même île. Par contre, elle est séparée en deux parties : la partie française au nord et la partie hollandaise au sud. C’est d’ailleurs assez amusant de voir une si petite île (environ 20 fois plus petite que la Guadeloupe) appartenir à deux États distincts.

Cette jolie petite île a été frappée en 2017 par l’ouragan Irma. Et il reste beaucoup de séquelles. Nombreux sont les bâtiments en reconstruction, d’autres, laissés à l’abandon, sont voués  à une lente dégradation. Au bord de la route, je rencontre d’étranges créatures ressemblant à de gros lézards. Ce sont des iguanes vivant en liberté. De belles tailles (~60cm), ceux-ci étaient trop timides pour se laisser photographier.

On sent qu’ici qu’il y a un gouffre entre les différentes classes sociales. Les plus belles maisons sont pour la plupart des résidences secondaires de riches métropolitains. Ils se regroupent dans des petits quartiers, propres, bien entretenus et gardiennés. Ces beaux bâtiments multicolores contrastent avec le reste du territoire complètement démoli.

Je fais le tour de l’île facilement, principalement à pied, avec quelques portions faites en stop. En effet, celle-ci est relativement petite et il faut parcourir une cinquantaine de kilomètres pour revenir à son point de départ. Le stop fonctionne bien et l’île est très européanisée.

La partie hollandaise est en bien meilleur état que la partie française. Les plages sont dignes des plus belles cartes postales.

Plage de Philipsburg


Décollage réussi, see you in the USA



Merci beaucoup à :

Bobby and Timmy; Cindy; Franco and Margarita; Daniel; Scott and Jessie; Oviadao de cuba; Will; Walter; The man from habbi; Joyce et Melissa; Danayel santo de leon castro; Sedonie; Louis; Kévin; Magalie; Julien; Steven de glace an nou; Arnaud; Serge et Christine.

9 réponses sur “L’île papillon (de Guadeloupe à St-Marten)”

  1. Magnifique carnet de voyage. On espère qu’un livre viendra réunir chaque épisode.
    Continue de nous faire rêver par tes découvertes !
    Bon vent.
    Jean-Luc et Dany, de Castafiore

  2. Bonne continuation aux US Thimothée…!
    Tu ne parles plus de ton camarade de voyage… il a quitté l’aventure???
    O plaisir de te lire…! ?

  3. Coucou petit cousin.nous avons lu ton récit de la Guadeloupe comme si nous y étions. C est vrai qu il a de superbes balades à faire. On espère pouvoir y retourner un jour. Bonne continuation et si tu passes par Kansas city on y a de la famille. On ne sait jamais !!!!! Au plaisir de te lire dans ta prochaine aventure.

    1. D’accord, je prends note de cette information. C’est vrai que la Guadeloupe a de quoi satisfaire tous les randonneurs !

  4. Coucou Timo. Merci pour ce récit coloré de ton séjour en Guadeloupe. Cela nous a bien sûr rappelé nos vacances chez Pierre mais ce qui nous a fait le plus rire, ce sont les péripéties avec la remorque et le bateau, sur lesquels Claude a bricolé quelques heures en 2016 avec Pierre !!
    Bisous de la famille Palous (petits et grands avec un bisou spécial de Gabriel !)

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