Pour le meilleur et pour le pire

Ma petite sœur nous rejoint pour visiter le Vietnam et comme l’été rime avec vacances, je lui ai délégué la tâche d’écrire l’article qui suit.

Pour ce nouvel article, c'est moi Élise qui reprends la plume pour vous narrer ces trois semaines d'aventures vietnamiennes partagées en famille. Je suis partie retrouver  mes deux frères - Adrien et Timothée - à Hanoi, capitale du Vietnam. Nous avons d'abord passé 24h dans cette mégapole le temps que je m'acclimate à la chaleur, à la conduite chaotique des locaux, aux odeurs et à cette effervescence si loin de mon train train de française. L'auberge de jeunesse où nous logeons se situe dans le vieux quartier où les ruelles sont étroites et les étals des commerçants partagent les trottoirs avec les piétons. Nous avons profité de notre passage à Hanoï pour visiter la prison de Han Lo, qui retenait les révolutionnaires nationalistes lorsque le Vietnam était une colonie française. Nous déambulons dans les différents couloirs des condamnés avant de passer devant la salle de la guillotine où plane une ambiance lugubre.

Baie d’Halong

Le lendemain nous partons direction Cat Ba, île principale d'un immense archipel de 336 îlots.  De nombreux rochers à la végétation luxuriante semblent ainsi surgir de la mer, rendant le paysage époustouflant. L'émergence récente du tourisme se fait ressentir par les buildings qui commencent peu à peu à sortir de terre. 

Nous décidons de partir une journée en kayak pour découvrir la baie de Cat ba. Le port de Ben Beo nous semblait idéal pour mettre à l'eau le kayak cependant les gardes du port nous expliquent que nous devons payer un ticket de bateau nous amenant sur une zone dédiée au kayak, nous refusons de payer. Après quelques échanges houleux, nous partons de l'autre côté de l'île mettre discrètement le kayak à l'eau. Nous optons pour une petite plage inoccupée à quelques kilomètres de là. La traversée se passe bien malgré quelques vagues non anticipées mais gérées avec brio par les deux kayakistes expérimentés. 

Le petit banc de sable est désert et pourtant jonché de nombreux déchets, nous passons l'après-midi à barboter dans les eaux tropicales. Nous profitons également de notre présence sur Cat Ba pour aller observer le village des pêcheurs, il s'agit en fait de maisons flottantes entourées de bassins d'élevages délimités par des filets. Nous enchaînons avec des après-midi baignade, l'eau semble frôler les 30°C et nous rafraîchit peu face au soleil cuisant. Malheureusement à Cat Ba les plages ont été envahies par des gros hôtels ou bars qui proposent des activités de type "clubmed" aux vacanciers. Musique techno et horde de touristes envahissent ainsi les plages en fin d'après-midi. 
Iles sauvages de Cat Ba
Après ces quelques jours passés à Cat Ba, et une tourista (qui m'a rendue visite pendant la nuit) nous prenons le ferry direction la baie d'Ha Long pour 2 jours de repos. La surprise fut de taille lorsque nous avons aperçu les immenses grattes-ciels, hôtels luxueux, parcs d'attraction et écrans géants dans ce que nous pensions être une petite ville paisible. Un air de Las Vegas qui semble être fortement apprécié des touristes vietnamiens qui profitent de ce bord de mer transformé en un Disneyland pour adultes. 

Loin de la tranquillité que nous avions espérée, la plage est envahie par les touristes en fin de journée, faisant disparaître le banc de sable et laissant place à une marée humaine. Ce qui est aussi étrange c'est que sur des kilomètres et des kilomètres de nouveaux bâtiments modernes et standardisés apparaissent flambants neufs et vides. Ces bâtisses sont sûrement en vue d'accueillir d'autres touristes. Cela pose question car la plage est déjà noire de monde...  

Après ces 2 jours, nous reprenons un bus direction Hanoï. C'est l'occasion de flâner dans la capitale et d'admirer le mausolée de Ho Chi Min, le Palais Présidentiel, la pagode Tran Quoc... Honnêtement nous pensions qu'il y aurait plus de choses à visiter à Hanoï mais nous avons vite fait le tour et un weekend semblerait suffisant pour faire le tour de la ville. Le retour dans la capitale était aussi nécessaire pour que Timothée et Adrien reprennent l'avion direction Hong Kong pour faire un "visa run" qui consiste à sortir du pays puis à y revenir. En effet le visa classique pour le Vietnam autorise à y rester 15 jours, au-delà il faut faire la demande et l'achat d'un visa touristique. Démarche effectuée plusieurs mois en avance pour ma part. Mais, pour mes deux chers frères qui ne sont pas doués du même sens de l'organisation, les délais d'obtention furent trop longs et ils ne reçurent pas le visa touristique à temps. Ils ont donc décidé de sortir du pays pour y rentrer à nouveau afin de bénéficier de 15 jours supplémentaires. Pendant 24h ils purent donc explorer Hong Kong qui a sû les conquérir

La joie des frontières

Je reprends le fil pour un interlude qui ne sera (je l’espère) pas trop long. 

Alors que nous récupérions de notre périple en kayak à Vientiane, je remettais sans cesse la demande de visa pour le Vietnam. Nous achevons la demande le vendredi matin pour passer la frontière le mercredi. Il est écrit sur le site de l’immigration vietnamienne que le délai d’obtention moyen est de trois jours ouvrés.

Le mardi soir nous embarquons quand même dans un bus couchette pour le moins original. Le bus fatigué est garé dans un minuscule terrain à côté d’une petite bâtisse délabrée. Le propriétaire de la compagnie nous invite à prendre nos aises à l’intérieur car nous ne serons que cinq passagers à faire le trajet. Nous comprenons rapidement que les trois voyageurs supplémentaires sont en fait le propriétaire, sa mère et le chauffeur ! D’innombrables arrêts pour charger des cartons agrémentent la soirée. 

Au petit matin le jeune et sa mère s’affairent à cacher de la marchandise. Nous découvrirons lors d’une pause qu’ils introduisent illégalement des médicaments pour animaux cachés dans une soute secrète près de la roue avant. Si pour les petits trafiquants le passage à la frontière est l’occasion de serrer la main des douaniers, c’est pour nous un enfer car notre demande de visa n’a pas été validée. Nous finissons par entrer au Vietnam avec l’exemption de visa valide 15 jours pour les ressortissants français.

Après presque 24h de bus, nous découvrons depuis notre chambre que nos visas électroniques ont été acceptés à peine quatre heures trop tard ! Cela m’apprendra à procrastiner…


Le lendemain, nous nous rendons au bureau de l’immigration d’Hanoï pour essayer de faire valoir nos nouveaux visas de 30 jours. L’accueil est terrible, les agents méprisants ne nous renseignent nullement. Au bout d’un quart d’heure nous comprenons que nous devons faire la queue pour prendre un ticket. Quarante-cinq minutes plus tard nous récupérons un bout de papier mais tous les officiers quittent leur bureau. Il est 11:30 c’est l’heure de la pause déjeuner et nous sommes invités à nous représenter à 13:30. Je suis fou de rage.

Deux heures plus tard, nous finissons par obtenir une interlocutrice qui en vingt secondes nous explique qu’il n’y a rien à faire. Si nous voulons faire valoir le visa de 30 jours nous devons sortir et rentrer du pays par la même frontière terrestre que celle inscrite sur le eVisa. Nous retournons le problème dans tous les sens. Si nous voulons que le visa soit accepté, nous devons demander un visa pour le Laos, faire 300 km pour aller à la frontière, quitter le Vietnam, entrer au Laos et revenir à Hanoï. Quitte à perdre de l’argent et du temps autant en profiter pour découvrir un nouveau lieu. C’est ainsi que nous achetons deux billets pour Hong-Kong.


Faisant preuve d’une lâcheté extrême nous abandonnons Élise pour aller faire un tour à Hong-Kong et ainsi renouveler le visa gratuit de 15 jours. Ce n’est pas souvent que je me prends une claque en voyage mais je suis agréablement surpris par cette région autonome de Chine. Moi qui m’attendais à une immense ville, une majeure partie du territoire est en fait dans son état naturel. Les grattes-ciels sont venus s’amasser dans les baies sans abîmer le manteau verdoyant des collines encerclant Hong-Kong.

J’ouvre la page Wikipedia de ce micro-état depuis mon smartphone. « Hong Kong est un territoire très développé, dont l’indice de développement humain (IDH) est de 0,952, ce qui le place au quatrième rang mondial. La ville a un taux d’homicide très bas, la deuxième espérance de vie la plus élevée et un taux de transport public supérieur à 90 %. Hong Kong est le quatrième centre financier mondial, le neuvième exportateur et le huitième importateur. » Tout est dit.

Pour enfoncer un peu plus le clou, une femme s’adresse à son fils en français : « C’est incroyable de pouvoir se promener la nuit sans ressentir d’insécurité. Chez nous [à Paris], ils sont en train de brûler des voitures et de piller les magasins »… Pauvre France.

Nous continuons à nous perdre dans les immenses centres commerciaux. Nous pouvons marcher aléatoirement pendant plus de quinze minutes avant de trouver une extrémité du bâtiment. En passant dans un tunnel pour piétons à proximité de la gare, quelque chose nous semble étrange. Aucune odeur d’urine, ça sent même bon ! Nous passons notre dernière heure sur l’avenue des stars. Je n’arrive pas de me décrocher de la vue qu’Adrien qualifie très justement de lunaire !

Avenue of Stars – Hong-Kong

Les apparences sont parfois trompeuses

Après cette dizaine de jours passés au Vietnam, il est temps de faire un premier constat sur ce pays : il n'est pas en accord avec l'image que nous en avions. Avant d'arriver dans ce petit pays d'Asie, nous nous imaginions de grands espaces verts, des gens simples et authentiques une culture bien ancrée... La réalité est tout autre. Les plages et paysages de cartes postales sont dénaturés par les gigantesques buildings au style européen. Et l'authenticité des locaux laisse place à des vendeurs avides d'argent qui proposent d'innombrables "tours touristiques". Le dépaysement attendu n'est pas celui trouvé... 

De plus, force est de constater que nous avons fréquemment l'impression de nous faire arnaquer : les prix annoncés ne sont pas ceux exigés par la suite, les touristes et les locaux n'ont pas droit aux mêmes tarifs, les écarts de prix entre les différents vendeurs sont affolants... Bref, nous finissons par nous méfier et Timothée, intransigeant, refuse de payer le prix fort et tente de négocier aux prix jugés corrects. Notre voyageur dans l'âme est agacé de cette mentalité, et je dois vous avouer que de nombreux jurons ont été prononcés.

Malgré la forme augmentation du tourisme, l'immense majorité de la population ne parle pas anglais. Le seul mot connu de certains est "hello", il est donc compliqué d'échanger avec les locaux. À défaut de parler anglais, nous pensions que suite à 80 ans d'occupation française, la langue de Molière serait connue de certains. Et bien détrompez-vous, nous n'avons rencontré aucun vietnamien qui parle un mot de français !

Enfin, nous espérions régaler nos papilles durant ce voyage mais la cuisine vietnamienne n'est pas à la hauteur de nos espérances. Hormis quelques plats tels que le "pho" une soupe de nouilles de riz accompagnée de viandes ou crustacés, ou encore le riz frît ou le riz "collant" , la diversité se fait rare. Dans les ruelles, plusieurs vendeurs proposent des "bhan mi", des espèces de sandwichs composés d'un pain, de crudités et d'oeufs ou de pâté. Le pain est un héritage du colonialisme français mais la baguette française n'a rien à lui envier. Le paté est aussi un produit importé par la France, mais ici sa qualité est douteuse et nous ne préférons pas connaître le type de viande avec laquelle il a été réalisé. En effet, nous avons appris qu'au Vietnam le chien était une viande courante, alors paté de porc ou de chien, je préfère rester dans l'ignorance.

En somme, nous sommes plutôt désenchantés de ce début de séjour si éloigné de nos attentes. Mais pour la suite des vacances nous partons en scooter explorer le Nord du pays dans l'espoir de trouver plus de tranquillité et d'authenticité.

Grain de sel

Je ne peux m’empêcher de laisser (une fois de plus) mon grain de sel au bel article d’Elise. Si le Vietnam abrite une partie des plus beaux paysages d’Asie du Sud-Est, le pays est aussi gangrené par la cupidité. Je vais m’efforcer de rester objectif malgré les nombreuses tentatives d’arnaque dont nous avons fait les frais. La bonne moitié du temps le prix qui nous a été annoncé n’était pas le bon. Il suffisait de faire une centaine de mètres ou même d’aller voir la porte à côté pour que le tarif soit divisé de moitié… Rajoutez à cela les intrépides qui ont privatisé des points de vue ou ceux qui ont uniformisé les prix de toute une zone comme le ferait une organisation criminelle et vous vous retrouvez avec une destination qui vous laisse une profonde amertume. Oui, même si vous payez deux fois le prix « réel » ce sera toujours moins cher qu’en France mais c’est une question de principe ! Voyager « à la roots » permet justement de déceler les comportements hypocrites qui changent radicalement lorsque vous ne payez pas le plein tarif… Jamais de tous mes voyages je n’avais rencontré une telle discrimination monétaire.

Je ne peux m’empêcher de penser à ce pays socialiste qui semble plus libéral que certaines sociétés occidentales. Système de bus privés sur-développé, grottes, bains-publics et plages privatisées, fortes inégalités, mais où est donc passé l’intérêt public ? Les Américains ont-ils réellement perdu la guerre en 1975 ? La victoire passe-t-elle nécessairement par la suprématie militaire ou peut-elle s’exprimer autrement ? Je m’amuse à admirer la flotte de 4×4 américains symbole de réussite slalomer les deux-roues sous le marteau et la faucille qui claquent au vent… L’idéologie du socialiste serait-elle en train de se transformer en capitalisme de connivence ? Que les libéraux s’abstiennent de crier victoire trop vite car le même maux touche nos économies « de droite » … 

Pendant que les bleus et les rouges s’acharnent pour savoir qui possède le meilleur système, la gangrène progresse. 


Road-trip

Pour ce road trip nous avons loué 3 scooters, 1 automatique pour moi et 2 semi-automatiques pour les garçons. Les bécanes ne sont pas dans un très bon état mais le klaxon fonctionne donc nous sommes parés. En effet le klaxon est l'élément phare des véhicules, car son utilisation ne signifie pas "attention" mais "je suis là", ce qui contribue au vacarme de la ville. Adrien et moi n'avons jamais conduit ce genre d'engins, nous écoutons donc sagement les explications de Timothée. Après avoir solidement accroché nos gros sacs à dos à l'arrière des bolides, nous sommes prêts à partir ! Le loueur m'aide à démarrer le véhicule et me demande l'air inquiet : "vous avez déjà conduit un scooter ?", "oui oui" lui répondis-je assurément avec un grand sourire. Il faut parfois se montrer convaincant pour rassurer l'autre. 

Un coup sur la poignée droite, le moteur qui frémit et nous nous élançons à la conquête des montagnes vietnamiennes. Je me dois de vous faire un aparté sur la conduite des locaux car cela vaut le détour. En effet aucune règle n'est respectée : feux rouges grillés, dépassement par la droite et dans les virages, circulation à contre-sens, téléphone au volant... Et les Vietnamiens transportent absolument tout sur des petits scooters (ferrailles de plusieurs mètres de long, bouteilles de gaz, motos, cochons...tout est possible !). De plus la capacité à transporter plusieurs personnes semble être illimitée. En effet, il n'est pas rare de voir 4 personnes sur le même scooter, le record aperçu est de 1 adulte et de 5 enfants ! Bref vous aurez compris que les novices conducteurs que nous sommes avons été très vigilants lors du trajet. Trajet qui a débuté sur les grosses routes et ronds-points à 4 voies de Hanoï pour toujours plus de challenge. Ce sont 200km que nous avons parcourus lors de cette première journée, plutôt pas mal pour un baptême en scooter ! 

Les bâtisses grisâtres de la ville ont laissé place à des paysages vallonnés et verdoyants. Nous avons découvert les nombreuses plantations et les bêtes en tout genre (chiens, poules, veaux) qui vagabondaient au bord des routes. Nous commençons enfin de trouver le dépaysement tant attendu et faisons une halte dans la province de Bac Kan.
Rizières au pied des montagnes
Pour le deuxième jour de ce road-trip, nous allons en direction de Cao bang, une province encore plus au Nord. Ce matin, Timothée nous rappelle sagement qu'en scooter les plus grands dangers sont les routes mouillées et les gravillons. Les instructions étant données nous partons sillonner les vallées, mais voilà qu'après avoir emprunté un mauvais itinéraire Timothée nous propose de prendre un petit chemin pour retrouver la bonne direction. Nous voilà dans un chemin de terre plein ... de boue et de graviers ! 

Les routes ne sont pas toutes en bon état : nids de poules et éboulements qui condamnent la moitié de la route mais le paysage est époustouflant. Les rizières en terrasse installées sur les immenses montagnes sont comme les paysages de cartes postales. Les habitations sont sommaires, poules, oies, chiens et vaches  marchent librement et les ghors (race de vache) se reposent en bord de route. La prochaine étape se situe à Dong Van, nous prenons de l'altitude et les paysages commencent à changer, les montagnes sont plus imposantes et les rizières laissent place à d'immenses plantations de maïs. Nous passons dans des petits villages où les enfants pieds-nus et pleins de terre sont au bord des routes mais avec ... un téléphone à la main ! Il est aussi intéressant de constater que les habitations sont rustiques mais de grosses télévisions "écran plat" trônent dans chaque salon. 
Montagnes du Nord
Nous devons ensuite rejoindre la ville d'Ha Giang, qui se situe sur une route très touristique avec un point de vue réputé qui offre un panorama imprenable sur la région. C'est alors que juste avant d'atteindre ce sommet, nous voyons un camion de police au bord de la route qui nous demande de nous arrêter. Les papiers que nous leur montrons ne leur conviennent pas, ils veulent que nous payons une amende sinon ils nous menacent de nous garder les motos.  Nous refusons et c'est ainsi que nous entamons de longues négociations via un logiciel de traduction, et après presque 3h d'attente ils finissent par nous laisser partir. Nous avons remarqué qu'ils arrêtaient uniquement les touristes et demandaient 1 000 000 VDN soit 40€, une somme énorme pour ce pays en voie de développement. C'est donc un excellent business pour eux. En revanche, des locaux à 4 sur un même scooter et sans casque ne leur posaient aucun problème.... 

Cet incident nous a fait prendre du retard mais nous roulons avec un beau coucher de soleil vers la ville. Le lendemain, alors que nous venons de quitter le logement depuis 5 min, nous croisons une voiture de police. Manque de pot, celle ci fait demi-tour, nous suit, et nous demande de nous arrêter. Heureusement, nous nous étions procurés de nouveaux papiers avant de repartir et ceux-ci sont acceptés par les agents qui nous laissent repartir immédiatement. Nous avons donc été contrôlés plus de fois en 24h au Vietnam qu'en plusieurs années en France ! 

Après avoir rejoint Xuan Quang sous 40°C et une bonne nuit de sommeil, nous nous dirigeons vers Sapa. C'est une ville touristique qui offre une vue magnifique sur la vallée de Lo Cai. Elle est entourée d'immenses montagnes et notamment du Mont Fanispan qui est le plus haut point de l'Indochine avec 3143m d'altitude. La ville est charmante et nous flânons dans le marché où se vendent vêtements et nourriture. Les viandes sont présentées sur des étals à l'air libre, dégageant une odeur particulière. Nous découvrons de nouveaux desserts, des espèces de gâteaux au marron et des galettes de maïs. La ville est paisible, les températures sont douces, et les averses sont quasi quotidiennes. Aux alentours, plusieurs villages regroupant diverses ethnies sont implantés dans la montagne, reconnaissables par leurs tenues traditionnelles souvent colorées. Sapa est également une ville touristique, et les routes sont surchargées, c'est ainsi qu'un scooter Vietnamien coupa la route à Adrien qui voulait tourner et les deux véhicules se sont entrechoqués. Heureusement il n'y a eu aucun blessé. 
Le mont Fanispan caché dans les nuages
Nous quittons la ville, et commençons tout doucement à redescendre vers le Sud du pays pour rejoindre la capitale. Après une nuit à Mu Cang Chai, nous nous élançons prudemment vers Nghia Lo car les routes ont été mouillées par de grosses averses. Malheureusement, en voulant m'arrêter au bord de la route, mon scooter glisse sur la boue et mon rétro se casse contre la rambarde de sécurité. Nous trouvons un garagiste avant d'arriver à Nghia Lo et le problème est rapidement réglé. 

Cette ville est connue pour sa source d'eau thermale où les aînés viennent se baigner en fin de journée. L'eau avoisine les 60°C ! Timothée et Adrien ont trouvé le courage de s'immerger alors que je n'ai pu tremper que les pieds. Afin de rejoindre notre derrière ville étape avant Hanoï, nous parcourons 130 km. Mais peu avant notre arrivée, le pneu arrière du scooter de Timothée crève -probablement suite à l'état des routes fortement dégradées- heureusement nous tombons sur un garage quelques mètres plus loin et après quelques minutes nous sommes repartis. 

Le dernier jour du road-trip est arrivé, 60km nous sépare de notre point d'arrivée. Nous devons traverser une partie d'Hanoï pour rendre les scooters au loueur, les routes sont bondées de camions, voitures et scooters qui conduisent tous très dangereusement. Nous arrivons miraculeusement sains et saufs au point de rendez-vous. Le dernier jour du voyage arrive, il est temps de faire les bagages mais avant j'ai droit à un massage vietnamien, cadeau de mes deux frères pour mes 24 ans. Ce fut l'occasion d'expérimenter un massage plutôt brutal où la masseuse me monte dessus pour exercer un maximum de pression, et où l'ensemble de mes membres ont "craqués", bref je ne suis pas prête de l'oublier.

Bilan

C'est le moment de faire le bilan des ces 3 semaines de vacances. Au cours du voyage nous nous sommes rendus compte que la grande majorité des prix proposés aux touristes étaient souvent presque 2 fois supérieurs aux prix réels. Ainsi nous avons dû négocier les chambres d'hôtes, les repas, les souvenirs.... Nous n'avions pas eu écho que le Vietnam était un pays où le marchandage était courant, cependant c'est bien le cas. Nous avons également ressenti une certaine cupidité dans la mentalité de nombreux locaux, et tout semble ainsi tourner autour de l'argent. L'authenticité de la plupart des gens semble s'être perdue dans cette avidité. Notons aussi que les Vietnamiens que nous avons rencontré ne débordent pas d'amabilité et de courtoisie. Nous avons remarqué des comportements plutôt déconcertants lorsque nous logions dans des hôtels : propriétaire qui rentre dans notre chambre durant notre absence pour couper la climatisation, musique à fond le matin, tentatives d'ouvrir la porte de notre chambre au petit matin...

Il est également curieux de constater que nous n'avons vu qu'un ou deux "supermarchés" durant notre séjour et ceux-ci n'avaient rien à voir avec ceux que nous connaissons. En revanche les seuls magasins ressemblant à nos commerces européens sont ceux qui vendent les grandes télévisions et téléphones de marque. 

De plus, nous pensions que le pays serait riche en culture mais ce n'est pas l'impression que nous avons eu, la seule revendication culturelle aperçue est le drapeau vietnamien qui flotte au-dessus de nombreuses maisons. Ainsi, culturellement le Vietnam est loin de ce que nous avions imaginé : peu de diversité culinaire, peu de monuments et traditions.

En revanche, les paysages auront été dépaysant nous avons eu la chance d'observer une variété de panoramas plus époustouflants les uns que les autres. Et il faut avouer que, de ce point de vue là, le Vietnam est un pays magnifique.

Malgré notre désenchantement sur ce pays, nous sommes reconnaissants d'avoir pu découvrir une partie du Vietnam et avons une pensée pour nos parents qui nous ont permis de vivre cette aventure en famille. Alors qu'Adrien et moi rentrons en France, Timothée s'envole vers une nouvelle destination.... l'Australie !
Heureusement qu’une vue comme ça n’a pas de prix !

Bravo petite soeur et merci pour l’article !  Après avoir vécu une telle aventure, je suis désormais convaincu que tu seras en mesure de négocier pour ne pas (trop) te faire avoir à l’étranger.

4 réponses sur “Pour le meilleur et pour le pire”

  1. Timothée,
    Toujours contente de te lire et je me permets un petit commentaire.
    Ça fait plusieurs fois que tu exprimes dans tes articles ton mécontentement sur le fait que «  les touristes et les locaux n’ont pas droit aux mêmes tarifs » . Et bien moi je ne trouve pas cela choquant lorsque les locaux n’ont pas du tout les mêmes revenus « que chez nous ». Ça me semble normal que les touristes étrangers amènent des devises au pays visité et que les locaux puissent accéder aux lieux touristiques de leur pays. La baie D’Halong , lieu emblématique de l’Asie, qui ne rêve pas d’y aller donc forcément ça fait monter les prix !
    Autre petite remarque concernant votre ressenti sur le Vietnam : vous n’avez vu qu’une petite partie du pays!
    C’ est comme parler de la France en ne visitant que la region Côte d’Azur.
    Bonne Continuation.
    En attente de ton prochain article. Bises.

  2. Quel plaisir de suivre tes aventures Timothée et particulièrement ce petit intermède familial formidablement narré par Elise.
    J’ai hâte de lire la suite !
    Ce périple ensemble vous a construit un merveilleux souvenir. C’est génial !

  3. Bravo les enfants Cambon pour vôtre périple ! Encore des histoires mais à 3 cette fois !
    Que d’aventures…. mais je n’ai pas compris pourquoi vous n’avez fait que le nord du Vietnam.
    Peut-être que le sud est encore plus occidentalisé donc moins intéressant.
    Cela nous laisse dubitatif par rapport au choix de destination pour nôtre prochain voyage…
    A voir.
    Bonne continuation à Timothée pour la finale en Australie.

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