Fin du voyage et nouvelle année

J’attrape la D-100 qui s’étire jusqu’à  Istanbul. Au bord de la route, les premiers panneaux font la promotion du “Heath tourism” (Tourisme de la santé) : lutte contre le cancer, rhinoplastie, greffe de cheveux, implants dentaires, etc. Les Turcs savent tout faire à des prix défiant toute concurrence.

Une fois la ville frontalière d’Edirne passée, d’immenses champs s’étendent à perte de vue mais le paysage n’est pas aussi plat que je le pensais. Des milliers de petites collines  donnent un peu de perspective à ces cultures monotones. Pas un arbre, ni haies ne viennent se mettre en travers des charrues. Une odeur de produit chimique dans l’air pousse les rendements à leurs maximum. Qu’importent les conséquences, la stérilité des sols sera le problème de l’Homme du futur. 

L’absence de relief à l’horizon me fait gagner de précieuses minutes diurnes. Cette partie de la Turquie a deux heures de décalage avec la France. La route possède quatre voies séparées par un terre-plein central. Je roule en toute sécurité sur la bande d’arrêt d’urgence. Je profite des derniers coups de pédales même si je suis inquiet pour ma roue avant. J’imagine ce qui pourrait arriver à ma jante et les solutions que j’adopterai si tel était le cas. Je mets au point dans mon esprit une réparation de fortune à base de chatterton.

Je passe la dernière nuit à moins de 80 km d’Istanbul car déjà l’agglomération de cette ville de seize millions d’habitants pointe le bout se son nez. Par chance, je trouve un parking avec de l’herbe sur lequel stationnent un camping-car et un 4×4 aménagé immatriculé en France. Je plante ma tente à coté de mes compatriotes que je rencontre dans la soirée. Parti prendre un peu l’air suite à un ras-le-bol chronique, ils voyagent avec deux enfants de 2 et 3 ans. Jamais je n’avais vu de petits bouts de choux avec autant d’énergie. Ces mini démons décident de courir dans le noir à neuf heures du soir, pieds nus, alors qu’il fait moins de 10°C. Leur mère désespérée se demande comment les autres parents font pour avoir des enfants calmes. « Au moins les tiens sont en bonne santé » je lui réponds en rigolant.

Dernière nuit sous la tente !

Ce qui doit arriver arrivera !

Les Turcs sont des bosseurs comme le prouve la démesure de ces usines de papiers, de textiles, de plastique ou de denrées alimentaires. C’est la première fois que j’observe de telles installations dignes de l’Empire industriel soviétique ! Des tuyaux de toutes tailles courent sur ces bâtiments démesurés, les cheminées fument et rejettent des effluves qui me permettent d’identifier ce qui est fabriqué dans l’antre de ces établissements. Mais l’agglomération d’Istanbul les efface rapidement au profit de quartiers résidentiels qui s’étendent à perte de vue. La circulation devient intense mais le centre-ville est encore à plus de cinquante kilomètres. Je n’ai pas d’autres choix que de rester sur cette D-100 dont la bande d’arrêt d’urgence disparaît par endroits. Un tissu industriel massif a forcément pour conséquence l’encombrement des routes par les camions. Certains me frôlent et je me dépêche de passer les portions que je ne peux éviter de cette route dangereuse.

À trente kilomètres de l’arrivée, je commence à réaliser que je progresse sur le périphérique mais je ne vois pas d’autres routes possibles. Les interminables filles de voitures créent des bouchons et je conserve une distance de sécurité suffisante car avec un seul frein je ne peux pas vraiment arrêter rapidement les 120 kg de ma monture. Soudain, alors que je gravi une pente raide typique de l’agglomération vallonnée d’Istanbul, je perçois un bruit qui m’est familier. La jante fendue a fini par crever la chambre à air et en moins de trente secondes mon pneu avant se retrouve à plat. Je parviens par je ne sais quel miracle à traverser à pied deux voies de circulations intenses pour me mettre sur le côté.

Je démonte la roue pour constater les dégâts. Trois trous ont percé ma chambre à air. Problème, il ne me reste que deux rustines et je n’ai pas de chambre à air de secours. Je me débrouille pour colmater tant bien que mal les fuites avec ce que j’ai à ma disposition. Concernant la jante, j’exécute le plan que j’avais eu le temps de méditer. Lorsque j’étais plus jeune, j’avais cet ami qui ne jurait que par le chatterton. Il piquait les rouleaux dans l’atelier de son père pour réparer ou fabriquer toutes sortes d’objets. À force d’enchainer les tours d’adhésif autour du métal fendu, je parviens à obtenir une solide réparation. Visiblement la chambre à air ne fuit plus. Je badigeonne de colle l’endroit fragilisé, remonte le tout et reprends la route. Je me satisfais de constater que ma réparation de fortune fonctionne.

Les poids lourds ont disparu mais le trafic est devenu chaotique. Les camions ont laissé place aux bus qui slaloment entre les voies et klaxonnent comme des fous. Une voiture de police me double en s’insérant par la droite, une main sur le volant, l’autre sur le téléphone portable… Si pénétrer par la voie rapide dans une ville de seize millions d’habitants est une idée douteuse, le faire avec un vélo qui ne possède qu’un frein et dont la roue avant ne tient qu’avec du scotch est une idée complètement débile. Je me promets de ne plus jamais retenter l’expérience d’autant plus que les Turcs conduisent n’importe comment !

Mon ange gardien a dû bien travailler puisque je parviens à atteindre le détroit d’Istanbul avec un vieux vélo à 200 €. Le Bosphore relie la mer Noire à la mer de Marmara. Cette séparation naturelle entre l’Europe et l’Asie est un véritable train d’union de mon voyage. Moi qui étais obsédé par les chiffres affichés sur mon compteur, ce dernier affiche 6423 ! Avec l’incertitude de mesure, je peux affirmer que j’ai tenu la moyenne des 100 km journaliers que je m’étais fixée. J’aurais donc mis soixante et un jours pour relier Albi à Istanbul avec de nombreux détours. Sans avoir pris un seul jour de vrai repos, ma plus petite distance journalière fut 27 km et 142 km pour la plus grande.

Le vélo, c’est fini !

Voici ce que je retiendrais de cette aventure à vélo :

  • faire du vélo c’est bien mais avec des pots c’est bien plus marrant
  • prévoir une distance journalière entre 60 et 80 km avec un jour de repos par semaine
  • planifier son parcours à l’avance et être particulièrement attentif à la météo
  • ne pas lésiner sur des sacoches de qualité et acheter de vrais sacs étanches !

Ces plus de 6 000 km m’auront en tout cas appris une chose : c’est dans l’adversité volontaire que l’on découvre qui l’on est.


Bonne année 2023 !

Dans le hall d’accueil de l’auberge de jeunesse, je rencontre Tamara, Woulter et Enzo respectivement originaire du Canada, des Pays-bas et du Chili. Nous célébrons la fin de l’année 2022 dans un bar avant de nous rendre sur cette place bondée de monde pour le décompte final : 3 … 2 … 1 … bonne année 2023 !

Les rues sont remplies. Il faut dire qu’en Turquie le premier de l’an fait aussi office de « Noël ». Il y a des policiers à tous les coins de rues. Beaucoup sont jeunes et ne possèdent pas d’armes ce qui laisse penser que le gouvernement à une politique d’intimidation à base de quantité plutôt que de quantité.

Les mendiants profitent de l’affluence exceptionnelle de touristes pour faire leur chiffre d’affaires de l’année ce qui donne vie à des scènes surréalistes. Comme ce père ayant déguisé son enfant sur un fauteuil roulant avec une fausse perfusion. C’est tellement gros et mal fait que cela me fait sourire. Un peu plus loin, une mère supplie son fils de continuer à mendier car c’est la seule activité pour laquelle le revenu est inversement proportionnel à l’âge. Le petit garçon en a assez de prendre cet air désespéré et veut juste aller jouer avec ses amis…

Avec Enzo, nous jugeons qu’il serait bon de finir la soirée en boîte de nuit. Après avoir déambulé dans les rues qui commençaient à se vider, nous pénétrons dans l’un de ces établissements de nuit. Le prix d’entrée est de 10€ par personne mais mon nouvel ami dont la générosité a été exacerbée par l’alcool donne un billet de 50$. Le patron jette un discret coup d’oeil à son portefeuille. Je fais remarquer au gérant de la discothèque qu’à ce prix-là il peut nous offrir plusieurs verres et nous installer convenablement. Nous avons droit à un espace VIP mais quelque chose cloche. Il n’y a pas grand monde à l’intérieur et la piste est exiguë. J’observe le patron parler à deux demoiselles en face en nous montrant discrètement d’un signe de la tête. Enzo, ne remarque rien. Je fais un petit tour aux toilettes et réprimande la dame qui me demande de payer pour entrer. Après ce que nous avons payé, pas question ! Lorsque je redescends, les deux filles sont à notre table en train de boire ce qui semble être du champagne. Le patron me sert une coupe et je constate qu’il s’agit d’une sorte de Champomy, du faux champagne pour ceux qui ne connaissent pas. C’est peut-être son cadeau pour le prix élevé que nous avons payé pour renter me dis-je naÏvement. Il est quatre heures du matin, j’ai bu quelques verres mais j’ai surtout eu une dure journée avec la crevaison en début d’après-midi. Mon attention n’est pas aussi aiguisée qu’à l’habitude. Je remarque quand même que l’une des bouteilles n’est pas fermée correctement puisque le bouchon tient avec un vulgaire morceau de papier aluminium. Lorsque les filles commencent à se laver les mains avec la bouteille, je n’ai plus de doute, nous sommes en train d’être victime d’une arnaque. Je préviens Enzo qui (forcément) veut rester. Il est impossible de raisonner un homme ivre.

« Écoutes, si tu veux rester, tu restes. Mais moi je me casse, je le sens pas cet endroit » lui dis-je discrètement à l’oreille.

Alors que je quitte la pièce, j’observe du coin de l’oeil le patron ramener une autre fausse bouteille.

Une fois à l’extérieur, je me sens mal d’avoir laissé Enzo dans la discothèque. Je trouve un groupe de policiers justes en face de l’entrée. Le premier m’ignore en me disant qu’il ne parle pas anglais. J’en interpelle un second bienveillant auquel je décris ce qui vient de se passer sur le traducteur de son téléphone. Il marche avec moi jusqu’à l’entrée du club et échange quelques mots avec le videur. Le policier me demande de rentrer pour aller chercher mon ami mais ne veut visiblement pas me suivre à l’intérieur. J’hésite. Il m’explique qu’il n’y a pas de problème et qu’il m’attend à l’extérieur. La limite entre courage et stupidité étant infiniment petite, je pénètre de nouveau dans la boîte de nuit. Enzo n’est plus à la table, le patron à l’air agacé que la police se mêle de cette affaire.

« Il n’y a pas de problème » me dit l’homme

« Où est mon ami » je rétorque

Au même moment, je vois Enzo descendre en titubant l’escalier des toilettes.

« On se casse maintenant Enzo » je lui dis d’un ton sec.

L’histoire serait trop belle si elle s’arrêtait là. Le patron prend désormais un air sérieux et fait preuve d’un grand professionnalisme lorsqu’il rédige la note finale qui s’élève à 100$. Je lui dis clairement qu’il est hors de question que l’on paye quoi que ce soit et entraine Enzo vers la sortie. Malheureusement, le videur et trois ou quatre jeunes nous bloquent le passage. À travers la vitre, je peux voir que le policier n’est plus là.

« Et merde, me voilà une fois de plus dans de beaux draps » me dis-je en silence.

Nous commençons à argumenter avec les hommes dans le hall d’entrée. Le patron veut que nous allions nous expliquer dans la pièce d’à côté. Pas question. La tension est palpable et je comprends que je vais devoir la « jouer fine ». Je me tais, laisse Enzo argumenter et m’assois à l’entrée pour réfléchir. Des clients réguliers regardent l’attroupement. Je trouve une fille qui a l’air honnête et lui explique la situation. Elle fait comprendre au patron que j’ai bien saisi l’arnaque. Mais celui-ci reste obstiné sur ses 100 $. Enzo s’énerve et sort une liasse de billets qui doit contenir 4000 €. Il veut montrer qu’il a de l’argent et qu’il reste déterminer à ne pas payer. Il ne faut pas chercher pas à rationaliser le comportement d’un homme sous l’emprise de l’alcool… L’attention est maintenant focalisée sur le Chilien. Un groupe d’habitués se dirigent vers la sorte. Je me faufile discrètement parmi eux et parviens à m’échapper une seconde fois.

Vingt mètres plus loin, je retrouve le policier. Ce dernier m’explique que quelqu’un va arriver rapidement. Je prends mon mal en patience en surveillant la porte d’entrée. J’observe des hommes de la discothèque discuter avec des policiers. Les minutes défilent rien ne se passe. Un policier me demande de partir d’un ton agacé. Je refuse tant que Enzo est à l’intérieur. Je commence à penser que personne ne viendra, lorsque Enzo ouvre miraculeusement de la porte d’entrée. Je précipite vers lui et le presse de quitter ce quartier au plus vite. Un peu chamboulé par l’alcool et ce qu’il vient de se passer, il recompte sa liasse de billets. Apparemment il n’a rien payé mais je remarque une légère égratignure sur son visage.

Nous rentons à l’auberge en toute sécurité et je maudis cette police qui serait tout aussi utile pour un rôle de figurant au cinéma.

Je ne croiserai pas Enzo le lendemain car nous étions dans des dortoirs séparés. Le patron de l’auberge de jeunesse m’avouera que ce genre d’arnaque est malheureusement fréquent puisqu’il en a lui aussi fait les frais alors qu’il était complètement sobre et qu’il parle couramment le turc.


Relâcher les tensions

Pour commencer l’année 2023 d’un meilleur pied, je me rends dans un bain turc traditionnel avec le Néerlandais. Nous sommes invités à nous déshabiller complètement pour ne conserver qu’une serviette autour de la taille. Nous pénétrons ensuite dans le hammam, immense pièce surchauffée dont le dôme culmine à plus de cinq mètres de hauteur. Je fais remarquer à Woulter l’énergie qui doit être nécessaire pour chauffer une telle salle. Les Turcs n’ont visiblement pas de problème d’approvisionnement en hydrocarbures. D’ailleurs le prix du gasoil dans les stations-service est à 1 € ! Nous nous allongeons sur la pierre centrale brûlante avant de pénétrer dans une petite pièce annexe encore plus chaude.

Nous sommes un peu confus et ne savons pas que faire. Des hommes nous tendent un savon et nous expliquent qu’il faut se verser de l’eau froide sur le corps à l’aide de petits pichets. Nous nous exécutons. Ensuite, nous sommes priés à sortir de la zone chaude pour qu’un homme nous passe un gant râpeux sur le corps pour enlever les peaux mortes. L’homme fronce les sourcils lorsqu’il voit la quantité qu’il retire de ma peau. Que voulez-vous j’ai passé deux mois dans la nature à me laver avec des serviettes hygiéniques ! Le masseur me savonne et me rince. Vient ensuite l’étape du massage. Là encore l’homme me regarde bizarrement quand il réalise la tension qui demeure dans mes cuisses. L’expérience est plaisante, dommage que le masseur me répète toutes les cinq minutes de lui donner un pourboire de 10€… Les Turcs sont décidément obsédés à dépouiller les touristes ! Nous quittons le hammam propre et relaxés comme jamais.

Petite photo dans la zone sèche du hammam

Retour en France pour la bicyclette

Je passe la journée du lendemain à chercher un moyen de renvoyer le vélo. Même si ce dernier ne vaut pas grand chose, les kilomètres ont soudé l’acier avec ma chair jusqu’à rendre les deux inséparables. La partie rationnelle de mon cerveau adhère aussi à cette décision car il n’y a quasiment pas de magasin de vélos dans la ville. Rien d’étonnant vu la dangerosité du trafic. 

Malgré un nombre croissant de touristes, les Turcs ne parlent pas anglais. À tel point que je pense avoir trouvé une population qui maîtrise moins bien l’anglais que les Français !

Par chance, un jeune homme travaillant pour la poste turque parle anglais. Je suis invité à patienter le temps que le correspondant à l’aéroport nous informe s’il possible d’envoyer un tel paquetage. Vingt minutes plus tard le verdict tombe: envoyer le vélo me coûtera 80 €. Je m’empresse de retourner à l’auberge pour récupérer le vélo et quelques accessoires dont je n’ai plus besoin. J’arpente ensuite les rues adjacentes à la poste pour trouver du carton afin d’emballer le vélo.

Malheureusement la concurrence pour récupérer des emballages usagés est rude. Bien que dépourvues de poubelles les rues d’Istanbul restent propres grâce à une armée d’hommes et de jeunes hommes arpentant la ville. Tirant derrière eux un immense chariot construit avec un grand sac de nylon posé sur un petit diable, ils récupèrent cartons, bouteilles en plastique et tout ce qui peut être revendu. Je trouve quelques cartons mais pas suffisamment grand pour pouvoir construire mon colis. Je trottine désormais dans les rues car la poste ferme dans une heure. Par change, le langage des gestes me permet de trouver un magasin dans lequel j’achète de gros cartons et un rouleau d’adhésif.

Poussé par le tic tac de l’horloge, je démembre ma monture dans un couloir de la poste. Le postier et l’agent de sécurité me pressent à finir en me donnant un coup de main. Il reste un quart d’heure et j’envisage de terminer le colisage le lendemain. L’idée me passe vite lorsque j’apprends que la poste ne peut pas conserver les objets non expédiés pour des raisons de sécurité. Je dévisse les derniers boulons à toute vitesse, découpe des morceaux de carton pour protéger les endroits délicats et déroule le rouleau d’adhésif dans un bruit assourdissant. Cinq minutes avant la fermeture du guichet, je remplis le bordereau d’expédition. Le paiement est à peine effectué que déjà des hommes chargent le colis de 23 kg dans une camionnette.


Byzance, Constantinople, Istanbul

Je profite du reste de la semaine pour visiter la ville aux multiples dénominations. Nommée Byzance puis Constantinople, Istanbul avec ses dix-huit millions d’habitants est plus grande que la capitale Ankara. Séparée en deux par le Bosphore, la ville d’Istanbul s’étire sur deux continents. La partie occidentale est la plus touristique avec ses bazars et ses mosquées. L’affluence d’étrangers a créé une augmentation des prix ce qui rend la vie un peu plus chère comparée au reste du pays. Mon jeu consiste alors à trouver le kebab le moins cher. e coût de la vie est relativement élevé à Istanbul comparé au reste de la Turquie. Mon jeu consiste à trouver le kebab le plus abordable. Je parviens à en dénicher un qui se trouve un peu en retrait de la rue principale. Le minuscule stand de restauration s’étale dans le couloir d’un bâtiment. Je paye 20 TRY (1€) soit cinq fois moins cher que sur l’esplanade ultra touristique de Taksim pour ce que nous appelons kebab mais ce qui est appelé « sandwich » en Turquie. Le vrai « kebab » est une sorte de brochette géante de viandes grillées accompagnée de légumes et de pita. Je goûte aussi un mets typique et plébiscité par les touristes : le baklava. La petite pâtisserie est onéreuse puisqu’un morceau d’à peine vingt grammes coûte 1 €. Je trouve ce gâteau feuilleté à la pistache un peu sur-côté. Honnêtement, je préfère la frangipane de la galette des rois ! 

Je visite différentes mosquées. Dans l’une d’entre elles, j’observe une policière voilée (beaucoup de femmes travaillent dans la police à Istanbul) en train de se prendre en photo pendant son service dans l’édifice religieux. Je vous avais bien dit : la quantité plutôt que la qualité ! En tout cas, l’intérieur du bâtiment donne une impression de vertige avec les hautes coupoles qui contrastent avec l’immense tapis rouge sur lequel les fidèles viennent prier.

Un vendeur de Simit (sorte de bretzel) devant l’une des nombreuses mosquées de la ville

Comme souvent les prix sont proportionnels à l’affluence touristique et je m’amuse à retrouver les mêmes produits beaucoup moins chers dans des quartiers plus éloignés de la zone touristique. Je déniche les ustensiles et petits outils qu’utilisent les vendeurs de rue pour gagner leur vie.  

Istanbul est coupée en deux par le Bosphore que je traverse en ferry pour rejoindre la rive asiatique. Plus calme, les prix y sont aussi plus abordables. Le système de transport est très bien pensé puisqu’une “Istanbulkart” permet de prendre : bateaux, bus et métro pour cinquante centimes par trajet. La carte est facilement rechargeable en utilisant des bornes prévues à cet effet. 

Vue sur le quartier de Kabatas (côté occidental) depuis le Bosphore

Dernières rencontres en Turquie

Aujourd’hui la composition de la chambre de la nouvelle auberge est digne du début d’une blague : un Canadien, un Français, un Coréen et un Russe ! La nouvelle chambre est beaucoup plus rustique. En fait cinq lits sont disposés dans la cuisine d’un appartement. Les matelas doivent être usés depuis des lustres, le sommier lui a été remplacé par une planche de bois. Qu’importe l’inconfort, ce sont les autres occupants qui rendent le lieu chaleureux. Je sympathise avec Dan le québécois. Encore un personnage puisque à soixante et dix ans, il voyage pendant les six mois du rude hiver canadien. Quelques semaines auparavant sur un coup de tête depuis la Malaisie il a décidé de venir à Istanbul pour se faire poser un implant dentaire puisque l’opération coûte environ quatre fois moins cher qu’au Québec. D’une positivité à toute épreuve, il lance des : “c’est correct” à tout bout de journée. Lorsque je l’interroge sur l’aspect sécurité de son soin médical il me répond: “Timothée, j’ai soixante-dix ans, je me suis marié, j’ai eu des enfants, un bon travail, une maison, qu’est-ce que je risque ? Mourrir ? Je n’ai pas peur de mourrir”. Jamais de ma vie, je n’avais rencontré un homme sans projets mais qui vit chaque instant avec une énergie débordante !

Comme l’Istanbulkart n’est pas nominative, je décide de la donner à un voyageur à l’aéroport. Après quelques refus qui me laissent penser que certaines personnes ne croient pas à la gentillesse spontanée, je parviens à l’offrir à une dame juste avant de m’envoler pour l’Inde.

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