Mille et un temples (Thaïlande)

Quelques formalités… 

Le train s’arrête à la frontière, tout le monde descend. Il faut maintenant acheter un ticket pour prendre le train thaïlandais et passer la frontière. Comme souvent, il faut remplir une fiche pour passer la frontière (nom, prénom, numéro de passeport, etc…). Rien de surprenant. Par contre ici, seul un homme possède ces petites fiches blanches et fait payer quelques ringgits pour remplir cette fiche à votre place. Il est absolument hors de question que je paie quelqu’un pour remplir une fiche à ma place. Si je suis allé à l’école et si j’ai appris à écrire, c’est bien pour remplir les fiches moi-même !

D’autres voyageurs sont dans le même état d’esprit que moi, mais impossible de mettre la main sur ces fiches. Finalement, une dame ira en chercher une pour moi, je n’ai absolument aucune idée où elle a pu la trouver. 

Quitter le territoire malais est une banalité. Par contre côté Thaïlande, on m’embête un peu. On me demande un billet de continuation (heureusement que je l’ai). Mais apparemment, la dame de l’immigration ne lit pas le français. De ce fait, je dois lui montrer deux fois le même billet avant qu’elle ne l’accepte. Puis, elle me demande une réservation d’hôtel, chose que je n’ai pas. Je réserve en général en milieu ou en fin de journée pour le soir même. Je baragouine un peu, il y a beaucoup de personnes qui attendent derrière moi. Du coup, au bout de quelques minutes, mon passeport se retrouve orné du tampon thaïlandais.

Je voyage en 3e classe ce qui signifie que les sièges sont aussi durs que du béton, les places sont petites, il n’y a pas de climatisation, mais il y a mieux ! En effet, les vitres s’ouvrent complètement. Ce qui signifie qu’on peut passer la tête par la fenêtre lorsque le train circule (il faut tout de même faire attention aux branches et aux panneaux…). Je découvre les premiers paysages typiques du sud de la Thaïlande avec d’immenses rochers de plusieurs centaines de mètres de haut complètement recouverts par une épaisse forêt. 

Un trajet en minibus et quelques heures de voyage plus tard j’arrive à Krabi.


… pour atteindre le sud de la Thaïlande. 

Aujourd’hui, je n’ai rien prévu, alors je demande à droite et à gauche quels sont les attraits touristiques de la région. Bien sûr, il y a de nombreux « tours organisés » en bateaux qui vous amènent sur des îles bondées de touristes. Non merci, sans façon. En plus, cela coûte une fortune ! Finalement, on me met en contact avec une voyageuse brésilienne qui séjourne dans la même auberge. Elle veut louer un scooter pour visiter la région. Je me joins à elle, de cette façon la location du scooter nous coûte deux fois moins cher. C’est en partie pour cela que je fréquente les auberges de jeunesse : on rencontre toujours des gens qui vous permettent de faire des choses que vous n’avez pas prévu. 

Ne pas avoir de plans est parfois le meilleur plan, car cela vous permet de saisir n’importe quelles opportunités.

Ainsi, nous roulons vers des plages paradisiaques (vacantes de tout touriste).

Plutôt sympa, n’est-ce pas ?

Ensuite, nous allons randonner dans le parc national Tab Kak Nang Nak. La jungle pleine de vie produit des sons que je n’avais jamais entendus jusqu’à présent. On peut observer des plantes géantes, des arbres exotiques au bois rouge et bien sûr, depuis le sommet, une vue imprenable !

La forêt Thaïlandaise se passe de tout commentaire.

Le lendemain, je vais voir le « Tiger Temple » situé à une dizaine de kilomètres de l’auberge. L’occasion parfaite pour faire du stop ! Après quelques minutes seulement, un homme s’arrête avec son tricycle. Il ne parle pas un mot d’anglais, mais nous arrivons finalement à nous comprendre.

Le temple du Tigre se mérite, car pour y accéder il faut gravir les 1260 marches qui vous transportent 300 mètres plus haut. En haut, au plus près des dieux, le temple à l’image du paysage est magnifique. L’air frais me fait rapidement oublier la sueur de l’ascension.

Depuis le somme de « Tiger temple ».

Je fais le retour en stop avec autant de facilité qu’à l’aller, un homme fait naturellement un détour pour me déposer au centre de Krabi. Les Thaïlandais sont très accueillants et toujours prêts à vous aider !


Immersion 

Aujourd’hui, je pars pour un long voyage de 2 jours, car je souhaite me rendre au nord de la Thaïlande. Alors que beaucoup prennent l’avion, je décide de faire le trajet en minibus et en train. En faisant du stop, je suis déposé gratuitement à la gare routière par une « moto-taxi » : je n’en reviens pas ! Cette générosité contraste avec tous ces vendeurs de tours organisés qui vous vendent certains « packs » ou trajets pour des sommes ridiculement chères.

Le même jour alors que je marche d’un pas pressé (j’ai moins d’une heure pour parcourir les 5km avant que le train ne parte), je suis témoin d’un autre geste de bienveillance. La tête dans le guidon (ou je devrais dire: la tête sur le trottoir), je calcule en permanence la distance et le temps qu’il me reste pour prendre mon train. C’est alors qu’une dame m’interpelle. J’ai pris l’habitude de ne pas m’arrêter et de ne pas répondre aux multiples sollicitations dont je suis victime (taxis, restaurants, hôtels ) ; mais cette fois, ça a l’air différent.

« Où vas-tu ? Nous allons à la gare ferroviaire » me dit-elle dans un anglais parfait.
« Oui, je vais à la gare ! »
« On t’a vu marcher, monte ! »

Et voilà comment faire du stop sans s’arrêter ni tendre le pouce ! 
Je passe d’en retard à en avance, je suis soulagé.


Troisième classe

En Thaïlande, le moyen le plus économique de voyager c’est le train à condition d’être dans le wagon de 3e classe. 

Le train arrive, la troisième classe est toujours parfaite à mon goût : pas de climatisation; mais l’air pur des fenêtres grandes ouvertes. Et en avant pour 16h de voyage. Oui, seize heures pour parcourir 800km, car je suis à bord d’un « train régional » qui s’arrête un peu partout. Bref, c’est un excellent moyen de s’immerger dans le quotidien des Thaïlandais. Des familles parcourant quelques centaines de kilomètres aux grands-mères parties vendre leurs innombrables ballots de végétaux: tous prennent la troisième classe.

Nous traversons des petites gares bucoliques où œuvrent encore des chefs de gare qui avec leurs drapeaux vert et rouge commandent le départ du train.

À chaque arrêt débute une course effrénée pour les vendeurs ambulants. Ainsi, les passagers n’ont que l’embarras du choix pour se restaurer ou se désaltérer. Le klaxon retentit et aussi vite qu’ils sont montés les petits marchands disparaissent.

Par chance, je suis tout seul sur ma banquette ce qui me permet de relativement bien dormir. 


Point culturel

La Thaïlande est une monarchie constitutionnelle, et le roi est tellement respecté que cela relève plus du culte que d’autre chose.

Ainsi la première fois que j’entendis l’hymne national (je ne savais pas à cet instant ce que c’était), je fus surpris de voir tout le marché se geler. Plus un bruit, plus un geste, tout le monde est immobile, l’air grave. Assis, je tourne la tête à droite puis à gauche : je ne comprends pas ce qu’il se passe. Plus tard, on m’expliquera que c’est le même tableau à chaque fois que l’hymne retentit: on doit se lever, se taire et ne plus bouger. Je l’entendrai plusieurs fois pendant ce voyage. Il peut retentir n’importe où et à tout moment de la journée.

Par ailleurs, dans certains endroits de la ville sont dispersés des sortes de petits temples à l’effigie du prince. Bien sûr, on retrouve sa photo (avec celle de la princesse) un peu partout dans les lieux publics et même parfois dans certaines maisons. 


Du train et encore du train… 

Avec deux heures de retard (au-delà de seize heures de voyage, on ne voit même plus la différence), nous arrivons à Bangkok. 

Un, deux, trois, sole… hymne national : tout le monde debout, personne ne bouge !

J’achète mon ticket pour Chiang Mai, et saute dans un autre train, c’est reparti pour 14h de voyage !  La Thaïlande ce n’est pas plus grand que la France, mais voyager prend du temps. Deux jours de voyage pour faire « juste » 1000km ça me semble anormalement long. Bon, je pense que j’ai pris de mauvaises habitudes aux États-Unis !


Chiang Mai

Chiang Mai est une ville Thaïlandaise située au nord-ouest du pays. C’est si l’on peut dire la ville aux mille et un temples, car la cité en abrite plus de deux cents ! Comme c’est une ancienne forteresse (construite à la fin du XIIe siècle), le centre-ville est entouré par des murs et des douves. D’ailleurs, « chiang mai » signifie littéralement « nouvelle forteresse ».

Un des multiples temples.

Encore une fois, je loue un scooter avec Mariana (une autre voyageuse) pour partir explorer les montagnes qui entourent Chiang Mai (vous pouvez d’ailleurs la suivre sur son compte Instagram ). Randonnée, cascades, baignades et aussi …. escalade sur les racines complètement démentes de cet immense arbre.

Oh hisse !

À moi la liberté ! 

S’il y a un moyen de transport adapté à la Thaïlande, c’est bien le scooter. Ainsi, je décide d’en louer un pour quatre jours et je pars à l’aventure dans les montagnes thaïlandaises. Le modèle que j’ai choisi est un scooter principalement utilisé par les paysans. D’ailleurs, j’en parle avec le propriétaire de l’auberge où je loge et il se met à rigoler quand je lui annonce le modèle que j’ai choisi. En effet,ce n’est pas un choix normal pour un touriste, mais ce scooter est robuste et économe et si les locaux l’utilisent, c’est pour une bonne raison ! 

Une fois mon sac ficelé à l’arrière du scooter : je m’élance direction: Doi Inthanon, parc naturel qui tire son nom du mont Inthanon, sommet le plus haut de Thaïlande avec ses 2565m d’altitude .

Avec le vent qui vous caresse le visage, les senteurs qui embaument vos narines et la possibilité d’aller n’importe où, la sensation de liberté est extrême ! Donc pas besoin de vous dire que j’adore cette façon de voyager ! 


Routes de l’extrême

Les routes sont divertissantes, splendides, magnifiques. Mais je garde à l’esprit que cette beauté est mortelle. En effet, de nombreux accidents se produisent sur ces routes, alors je profite, mais avec concentration. C’est d’ailleurs l’un des pays où le taux de mortalité routière est le plus élevé au monde! D’ailleurs, au cours de ce « road-trip », je serai témoin de deux accidents. Cette fois, les dégâts sont « juste » matériels, mais deux accidents en quatre jours, ça fait beaucoup! Il faut dire que les Thaïlandais conduisent un peu n’importe comment, surtout ceux qui roulent à bord de véhicules à quatre roues. Ainsi, il n’est pas rare de se retrouver à rouler sur la bande d’arrêt d’urgence, parce qu’en face une voiture en double une autre. Et je ne parle pas de ces 4×4 qui coupent les virages sans visibilité en montagnes… 

Malgré les pentes raides, le petit scooter n’en démord pas et nous fait prendre de l’altitude à moi et à mon sac à dos. Bientôt, j’arrive au sommet; je suis obligé de m’arrêter pour mettre un pull, car la température a chuté drastiquement avec l’altitude. Hormis, une stèle marquant les 2565m, une statue au pied de laquelle les locaux prient et déposent des fleurs: il n’y a pas grand-chose. En plus, le sommet est dans les nuages ce qui m’empêche de contempler l’horizon. Comme souvent, le plus important et le plus intéressant, ce n’est pas l’objectif, mais la route qui y mène.

En redescendant, je tourne et emprunte une petite route. Étroite, par endroit la belle perd sa peau de bitume pour laisser place à sa chair boueuse. Puis, au bout de quelques kilomètres, le goudron disparaît définitivement. Une voiture de touristes fait demi-tour, ils ne peuvent pas aller plus loin avec le véhicule de location. 

Finalement, j’arrive au pied d’une petite randonnée qui le conduit à une superbe cascade. C’est l’une des plus hautes de Thaïlande avec ses flots qui s’élancent dans le vide à plus de 100m de hauteur.

Mae Pan waterfall.

Ensuite, je reprends mon petit scooter et continue à m’enfoncer toujours plus loin. De grosses ornières commencent à se former sur la « route » qui n’est ni plus ni moins qu’un chemin de terre battue. Mais rien n’arrête le petit scooter et le bonhomme qui le conduit. La route devient de moins en moins carrossable. C’est alors que je croise une pelleteuse. L’homme me fait signe que je ne peux pas aller plus loin. Trop curieux, je continue. 

Quelques centaines de mètres plus loin, je comprends. Le pont qui enjambait un petit ruisseau c’est affaissé, impossible de continuer avec le scooter. Deux backpackers asiatiques contemplent le grand trou boueux, dégoûtés de ne pas pouvoir aller plus loin. Mais ce n’est pas un pont effondré qui va m’empêcher d’avancer. Je prends un petit sac à dos et m’élance dans la jungle pour contourner l’obstacle, de pierre en pierre, de branche en branche, je traverse le ruisseau pour finalement rejoindre le chemin. De l’autre côté, les deux touristes regardent d’un air dubitatif l’endroit par lequel je suis passé. Je ne les ai plus revus, pas sûr qu’ils aient traversé. Un peu plus loin, ma persévérance porte ses fruits et je suis récompensé de mes efforts, car j’arrive dans un minuscule village perdu au milieu des montagnes. Ici, les gens vivent de la terre, il y a des cultures et notamment des rizières qui rendent le paysage à couper le souffle !

Grandiose.

Il est temps pour moi de faire demi-tour pour rejoindre le scooter. De retour sur la route je m’arrête dans un endroit que j’ai repéré auparavant. Il y a un lieu où l’on peut camper, je m’installe sous un abri extérieur. Curieux, un local viendra me voir. Il ne parle presque pas anglais, nous communiquerons grâce à son téléphone. Eh oui, même perdu dans les montagnes, il y a internet ! Rencontre intéressante, car il me conseillera d’aller voir certains lieux.


J’ai touché du doigt la Birmanie.

Plus j’avance et plus j’apprécie mon environnement. En roulant vers le nord, je m’approche de la frontière birmane. Je suis en route pour Ban Mae Lanna un petit village caché au milieu des montagnes. Je me laisse envoûter par la route et c’est moi qui me retrouve perdu dans les montagnes (façon de parler, car j’ai un GPS sur mon téléphone). J’arrive à un « check-point » , il y a plusieurs endroits comme celui-ci en Thaïlande, c’est un endroit où la police peut arrêter tous les véhicules si elle le souhaite. Jusqu’à présent, tous ceux que j’ai croisés avaient la barrière ouverte. Mais celui-ci est différent, car les barrières sont fermées. Je ralentis et m’arrête.

Un homme en treillis sort de sa petite cabane et me dit : « Close ». 
« Close ? » répondis-je d’un air étonné. 
« Myanmar » me dit-il. 

À cet instant, je prends conscience que je suis à la frontière entre les deux pays. Je m’excuse et fais demi-tour. En fait, j’ai oublié de tourner à un embranchement et je suis allé trop loin!

Une petite barrière, voici ce qui sépare les deux pays.

Corail cave

J’arrive finalement au village escompté. Mon GPS m’indique qu’il y a des grottes à proximité: je vais voir. Je passe une cabane où l’on doit normalement payer un guide pour visiter les grottes, il n’y a personne, je continue. J’arrive à l’entrée de la grotte, c’est une petite ouverture juste assez grande pour laisser passer un homme. Un escalier en bois s’enfonce dans le noir. Je prends un sac, ma frontale et je plonge dans le gouffre. La grotte est assez grande et tout en long, il n’est donc pas possible de se perdre; je m’aventure à l’intérieur.

Rapidement, je comprends pourquoi celle-ci est appelée « corail cave » (la cave du corail). En effet, certaines formations rocheuses ressemblent curieusement à du corail. C’est magnifique, certaines roches scintillent au passage de ma lampe. Mais je dois avouer que c’est assez perturbant de visiter une grotte seul. Tout est calme, sombre, seul le bruit de mes pas résonne jusqu’au lointain fond de la grotte.

J’ai dû parcourir 500m, j’arrive au bout. J’éteins ma frontale et reste quelques instants à écouter le bruit du silence. Rien. Ni sons ni lumière. Hormis un « splash », une goutte d’eau s’est infiltrée et vient de s’écraser sur le sol. Ce fut pour moi une expérience incroyable d’avoir pu visiter une grotte seul, juste avec ma petite lampe frontale.


Plus une goutte ! 

Ma réserve d’essence est presque vide, la prochaine station est à une vingtaine de kilomètres : un choix s’offre à moi. Soit je reviens un petit peu sur mes pas et je suis sûr d’arriver à la station. Ou bien, je continue jusqu’au prochain village et je coupe par un chemin de terre. La deuxième option me tente bien, car d’après la carte que j’ai sur mon téléphone, je passerai par un point de vue. La seule inconnue c’est qu’une fois dans ce village, je dois « couper » par un chemin. Mais ma carte ne me dit pas si le chemin est praticable en scooter. Si ce n’est pas le cas, je devrai faire demi-tour, et je ne pense pas avoir assez d’essence pour le faire. Comme souvent ma curiosité et ma soif d’aventures l’emportent sur ma raison : je fonce ! Tant pis si je tombe en rade, je trouverai bien quelqu’un pour me dépanner un peu de carburant. 

J’ai droit à de sévères montées, la jauge descend à vue d’œil. Lorsque la route grimpe rapidement à travers la montagne, l’aiguille du cadran indique « zéro ». Je commence à m’inquiéter que la forte inclinaison empêche le peu d’essence qui me reste d’alimenter le moteur. Enfin, j’arrive au village, le moment de vérité a sonné !

Le chemin à l’air praticable : super, espérons qu’il le restera !

Je découvre alors de belles cultures réalisées à flanc de colline. Je me faufile entre les ornières. J’avance bien quand soudain un obstacle vient stopper ma progression. Un ruisseau barre le chemin et comme si cela ne suffisait pas, une grosse flaque s’est formée sur toute la largeur. À vue d’œil, elle doit faire 3m de long avec 40-50cm de profondeur. Si la boue qui est au fond est assez ferme, je pense pouvoir passer. De toute manière, je n’ai pas le choix et je n’ai plus assez d’essence pour faire demi-tour.

Consciencieusement, je me déchausse, retrousse mon pantalon et me prépare (au cas où) pour le grand bain. Je démarre le scooter, première, un peu d’élan et… feu! Le scooter plonge dans l’eau, la roue arrière dérape, je tiens bon et franchi avec succès l’obstacle. Maintenant, il ne me reste plus qu’à passer cette longue montée qui escalade littéralement la colline. Même en première, ma monture peine à gravir la pente vertigineuse. Et à cause des profonds trous présents sur le chemin, je ne peux pas prendre trop d’élan. Pente trop abrupte, le scooter s’arrête et commence à glisser en arrière. Heureusement, j’arrive à m’arrêter en m’aidant d’une butte de terre. J’essaye de repartir, j’accélère à fond, je pousse avec mes jambes et c’est reparti ! L’embrayage semi-automatique patine. Et après des efforts acharnés, j’arrive au bout du chemin et rejoins la route.

Comme prévu, celle-ci descend jusqu’à la station. Je m’arrête, ouvre le bouchon du réservoir: plus une goutte à l’intérieur. Je suis arrivé juste à temps. J’en profite aussi pour remplir mon estomac d’un délicieux riz frit ainsi que d’un gâteau frit à la noix de coco. Oui, en Asie, on aime bien tout ce qui est frit.

Plat typique d’Asie du Sud : le riz frit !

Les kilomètres défilent 

La route défile, les kilomètres s’enchaînent. Tout va pour le mieux. Je change de route, et cela redevient folklorique, la route rétrécie et des nids-de-poule commencent à naître un peu partout. Rapidement, le bitume laisse place à la terre battue. C’est alors à moi de me battre pour garder le contrôle ! J’évite les gravillons, slalome entre les trous et essaye de trouver le meilleur endroit pour passer. Ici, pas besoin de se prendre la tête pour savoir de quel côté de la route il faut se positionner (parce que en Thaïlande on roule à gauche), il faut juste arriver à avancer ! 

Décidément, c’est une moto-cross que j’aurai dû louer !

Je roule sur des ponts de bois et arrive à un village. D’ici, on est à une heure de « route » du village le plus proche. Je suis content de voir des buffles, des vrais, en train de barboter dans de l’eau boueuse.

Il fait meilleur dans l’eau !

Je poursuis ma route et commence à me prendre pour un pilote de moto-cross. C’est épuisant, ça secoue, mais j’adore ça. Après plusieurs heures à parcourir quelques dizaines de kilomètres, je retrouve la douceur bitume. La nuit va bientôt tomber, je recherche un abri.

En Thaïlande c’est assez facile, car il y a au bord des routes une multitude de petites cabanes (sûrement pour les motards lors de la saison des pluies). Je m’arrête à un col et commence à m’installer dans un lieu propice. En me voyant, des locaux (qui tiennent un petit café au bord de la route) m’offrent un lieu où dormir à l’extérieur de leur petit commerce. On m’apporte, un matelas et une tente : c’est pour moi le confort d’un roi! Je passerai une excellente nuit. 

Villages de montagnes, sources d’eau chaude, temples je poursuis ma route à travers les montagnes. Mais bientôt, il sera l’heure pour moi de rentrer à Chiang Mai. 

Ma monture face aux montagnes.

Au terme de ce road-trip, ce sont 1020 km qui se seront ajoutés au compteur de mon compagnon à deux roues.


Bangkok

Le train en troisième classe étant la façon la moins chère de voyager, c’est celle-ci que j’utilise pour rejoindre Bangkok.

La capitale est assez agitée, comme dans toutes les villes de Thaïlande, il y a des temples, des palais et de la nourriture de rue un peu partout. Je commence un petit peu à me lasser de tout cela (sauf la nourriture, ça impossible de m’en lasser !)

Et encore un petit temple pour la route !

Mais il y a deux choses que je veux essayer avant de partir. La première, c’est un massage thaïlandais. Après m’être changé, je m’allonge et c’est à cet instant que je comprends pourquoi la plupart des touristes choisissent un massage « classique ». La masseuse  m’étire dans tous les sens, tord mes articulations et presse mes muscles avec sa poigne diabolique. Dans l’espace réservé au massage, j’ai remarqué qu’il y a une barre fixée au plafond, je me demande à quoi elle peut bien servir ?

« Sur le ventre, s’il vous plait » me demande poliment la masseuse.

Je m’exécute et je sens alors un gros effort sur mes mollets, puis sur mes cuisses. Je me retourne, je vois la masseuse debout qui se tient à la fameuse barre et qui est littéralement en train de me marcher dessus ! À cet instant, je ne peux m’empêcher de penser à ce que je serai devenu si j’étais tombé sur un gros thaïlandais de cent kilos …

En fait, un massage thaïlandais, c’est à mi-chemin entre le yoga, le kiné et le massage traditionnel. Dans l’ensemble, c’est assez agréable, mais il veut mieux être souple !

Revigoré et délesté de quelques euros (6€ pour une heure), je m’attaque à mon second objectif : gouter des insectes. À force de déambuler dans les rues, je trouve un homme qui vend ces charmantes petites bêtes frites. Je goute à des teignes et des criquets et c’est plutôt bon. Miam, on dirait des gâteaux d’apéro à la cacahouète !

Depuis l’aéroport, j’attends le dernier avion de ce voyage, destination Kiev ; et en route pour l’Europe !


Merci à :

Familly from the coffee caban; Mariana; Samskit; Ron; Ani et Prani; Bike’s man; Pier; Brazilian girl

Une réponse sur “Mille et un temples (Thaïlande)”

  1. Quel bonheur de te lire. C’est stupéfiant de constater que tu as une plume littéraire sans doute sans trop y croire…
    Tu es un super gars et une belle personne.
    Merci de nous faire sourire et rêver de voyages.
    Bon vol
    Jean- Luc & Dany

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